Denis (Anse couleuvre) : "Nous profitons du calme entre deux vagues et l'annexe vient glisser sur le sable noir. Marie venue à la nage depuis le bateau nous file un coup de main pour hisser l'embarcation et la mettre à l'abri. On s'enfile le long d'un petit sentier qui remonte le long d'un ruisseau. La végétation luxuriante nous cache le ciel et c'est dans une douce et chaude ambiance verdâtre qu'on déboule au milieu des ruines d'un vieil établissement agricole abandonné depuis 1944. Aujourd'hui rongées par les mousses, des chaudières aux gueules béantes contribuent à donner à cet endroit un charme étrange."

 

Dom (entre la Martinique et la Dominique) : "Départ de l'anse Couleuvre. Deux ris dans la grande voile, cap au 330. Nous sommes cueillis par des grains et laissons la Martinique sur notre tribord arrière. Houle par le travers, le vent forcit un peu avec des pointes à 30 noeuds. Splatch ! La vague scélérate arrive, douche gratuite dans le cokpit. Le temps se calme, lente remontée le long des côtes de la Dominique jusque St Joseph où nous allons mouiller pour la nuit."

 

 

Denis (de la Dominique aux Saintes) : Il en est de certaines îles comme des passantes de Georges Brassens, celle qu'on voit apparaître une seconde à sa fenêtre et qui preste s'évanouit, mais dont la svelte silhouette est si gracieuse et fluette qu'on en demeure épanoui. La Dominique est de celle là ! Bien que meurtrie, elle semble accueillante, prompte à garder le visiteur dans ses bras. Je me souviens des petits villages aux façades très colorées, des maisons sur pilotis accrochées aux pentes abruptes, des vallées profondes. Six heures de navigation pour atteindre les Saintes. Le bateau se faufile entre Terre de bas et Terre de haut. On laisse la Pointe nègre, le Cheval marin et le Gouffre à chien sur notre babord. A tribord, c'est plein soleil sur la Pointe du bois-joli. C'est dans l'anse à Coînte qu'on passera la haussière dans le corps mort."

 


St Joseph à la Dominique.


L'arrivée aux Saintes.

Marc (sommet du Morne Chameau) : "Le sentier s'avère bien pentu et la végétation bien dense (l'ouragan a fait des dégâts). Nous perdons les balises du sentier. Denis, alias Mike Horn, droit devant au milieu des plantes venimeuses, serpents, Bernard l'Hermite gigantesque dont l'énorme pince bleutée fend l'air en essayant de nous découper un morceau de mollet. Note du traducteur. Marc exagère, bien sûr ! Sûrement l'effet de l'abus de rhum de la veille. Soudain un déchirement étouffé. Merde ! ma belle chemise blanche. Je suis ému mais embêté tout de même. Je rejoins Mister Denis et Mister Mike. Mike voit ma chemise et se fout de moi dans un rire sarcastique. Il a les jambes en sang mais ça le fait rire ! Plus que dix mètres qu'il dit en reprenant de plus belle mais ça fait déjà cinq fois qu'il nous le dit ! Quoiqu'il en soit Mike retrouve la balise jaune et en quelques enjambées, nous atteignons enfin le sommet. Et là, c'est la récompense ! Une vue extraordinaire !"

 


Madeleine (Des Saintes à Marie Galante) : "Dernière "grande" traversée de notre séjour. Il s'agit de quitter les Saintes pour rallier Marie Galante. Chacun est à son poste mais le vent n'est pas au rendez-vous. Les capitaines auront beau brasser l'air de leurs maoeuvres et tirer des bords, les 2/3 du parcours de 23 miles seront réalisés au moteur sur une mer souvent chahutée de vagues que nous prenons de face. Nous ancrons dans l'anse Canot, une carte postale ! Il est 20h, Orion est calé dans ma lucarne, dernier délice du jour."


L'anse Canot.

 


Les rois du monde.

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