Dimanche, 28 juin.

Du lac de La Mora à Castejon. J21

D+, 990m. D-, 1980m. 10h. 21km

 

Départ 6h50. Aucune ride ne vient troubler les eaux du lac, ce matin. Les premiers campeurs se réveillent et moi je reprends mon chemin. Impossible de trouver les balises et je traverse donc le bois de sapin un peu comme je le sens. Au-dessus, le sentier est à nouveau bien marqué et grimpe vers le col.

 


Montée vers le col de l'Ibon.

 

De nombreux édelweiss et un isard saluent mon arrivée au colladeta l'Ibon. Le soleil éclaire déjà le versant ouest et des files de moutons soulignent les courbes de la combe, en contre bas. La descente se fait un peu à l'aveuglette, justes quelques cairns discrets et des balises par ci par là. Faut sortir carte et GPS et faire gaffe de ne pas s'enfiler dans le mauvais vallon. Au loin, j'aperçois deux randonneurs qui montent vers moi. Deux randonneuses, en fait (je ne peux pas entendre une espagnole parler français sans penser à quelqu'un...). On s'enquiert mutuellement de la direction à suivre.

 


Edelweiss


Campanule

 

Refuge de l'Armena, enfin un vrai refuge, table, bas flancs, tout ce qu'il faut ! Même un poste radio de secours !

En quittant le refuge, nez au sol, sur un sentier bien marqué et en suivant les traces fraîches d'un groupe qui vient d'arriver, je tombe sur un lac ! Ce n'était pas prévu au programme et j'ai du louper le GR15... D'après la carte, je suis sur un sentier qui rejoint des pistes, bien plus bas. Je persévère donc, dans l'erreur. Et cette descente n'est pas trop mal finalement, sauf les derniers kilomètres de pistes jusque Barbaruens. Encore un joli village avec ses passages couverts, ses figuiers et leur ombre salutaire, ses chiens allongés dans les ruelles.

 

 

Descente raide et un peu sauvage jusqu'au barranco Barbaruens, havre de fraîcheur. Le torrent est magnifique. J'ai longtemps hésité avant d'y plonger. Mais c'est trop froid pour moi... j'y ai juste rincé mon t-shirt et trempé les pieds. J'en connais qui n'auraient pas hésité !

 

 

45° et il me faut continuer. Je mouille mon foulard et mon chapeau pour garder la tête au frais. Un jeune marcassin déboule devant moi... Curieux, il s'approche et me regarde d'un air presque effronté. Je sors l'appareil photo en espérant que la mère ne traîne pas dans le coin...

 

 

L'ermitage de san Pedro de Tabernes puis un petit col qui ne paye vraiment pas de mine mais sous le soleil, faut se le faire. Drôle d'endroit où l'on serpente entre des monticules de marnes (?).

 

 

Puis c'est Seira Nuevo où j'arrive sur les rotules. C'est à ce moment que je pense qu'il vaut mieux marcher sous la pluie... Le camping pointé sur ma carte n'existe plus, un hébergement hypothétique à Seira (mais faut remonter...). Je fais le plein d'eau dans un bar.

Et je fais quoi maintenant ? Je continue à marcher et pose la tente dès que je peux, je dors dans une pièce que la patronne du bar me propose ou j'essaie de joindre Castejon où l'on me dit qu'il y a un camping... J'arrive tout doucement à la fin de mon périple et je passerai bien une journée tranquille à ne rien faire. Aussi, je choisis l'option camping et je me mets en route, le long de la nationale, pour rejoindre Castejon. Une voiture s'arrête... et m'y emmène. Mais, là aussi, le camping n'existe plus ! Il est 18h et je pose mon sac à l'hôtel Pirineos pour deux nuits.

Bonne journée de repos à Castejon. Juste une petite balade, sans sac. En 4 heures, je repère une partie du chemin de demain qui me permettra de rejoindre le GR15 à Gabas. Je me paye même le luxe de faire une géocache en FTF (first to find pour les non initiés..).

La canicule est toujours bien présente... et pour encore plusieurs jours !

 


L'arrivée dans les villages est toujours précédée par des petits potagers bien entretenus.


Mardi, 30 juin.

De Castejon à Las Fonts. J23

D+, 825m. D-, 295m. 5h45. 13km

Départ 6h30. Je monte vers Gabas où plusieurs chiens viennent me renifler les mollets. Je retrouve le balisage récent qui s'était interrompu à Tella (panneaux, fléchage, balise... le nec plus ultra !).

 


Dans la montée vers Gabas.

 

Beaucoup de noyers le long du sentier et toujours quelques merisiers aux griottes pas bien grosses, quelquefois un peu amères... mais garder un noyau dans la bouche tout en marchant, ça diminue la sensation de soif.

Gros coup de pompe après Gabas... Malgré quelques pauses, je n'arrive pas à récupérer (fatigue, mal à la tête, pas bien, quoi !). Je m'arrête vers midi. La chaleur est insupportable. Les titres de journaux que j'ai pu voir, parlent de cette vague de chaleur qui couvre toute l'Europe...

 


Encore un magnifique vieux chemin, témoin d'une époque révolue...

 

J'ai la chance d'avoir pu trouver un bon endroit de bivouac à Las Fonts, une petite clairière ombragée juste à côté de la source. L'eau sort d'un réservoir en béton et me semble bonne, fraîche, en tout cas. Le camp monté, je me fais un bon gros thé et une bonne sieste dans la tente. Bien qu'elle soit montée à l'ombre, il y fait très chaud quand même...

Il est 20h. J'ai fini de manger (soupe et nouille) et il commence à faire bon !

 

 

Journée pénible où je n'ai même pas réussi à apprécier ces portions de vieux chemin dallés, bordés de murs tout moussus qui circulent sous ces forêts de buis.

J'espère que demain sera bien.

 

Mercredi, 1er juillet.

De Las Fonts à pont de Suert. J24

D+, 645m. D-, 1165m. 8h. 27km


Il fait encore frais, à cette heure !

Départ 6h40. Il fait encore frais à cette heure, c'est bon ! L'éternel rituel de ranger le camp... pendant que le café refroidit, je m'affaire à plier la tente, remplir mon sac . Aucune fausse note, les gestes sont sûrs et se font presque automatiquement, ponctués de temps en temps d'une gorgée de café. Pas la peine de réfléchir. Chaque chose a sa place. Il me faut en général entre 45 minutes et une heure pour boucler le tout et que le sac ait de la gueule... l'esthétique du randonneur !

Petit sentier sympa pour échauffer les muscles des jambes, du dos, des bras, des épaules... ça déroule et on peut tranquillement finir sa nuit et laisser vagabonder ses pensées qui vont quelquefois dans des endroits improbables ! Seule contrainte, ne pas perdre les balises. Mais l'œil est bien dressé et les repère automatiquement... enfin, la plupart du temps !

 

 

Abella, Espés, le croisement avec le GR18 (c'est quoi celui là ? Faudra que je regarde.). ça monte, ça descend. Je sifflote des airs qui viennent comme ça, on ne sait pas d'où... Une pause, une clope et on repart.

 

 

Les reliefs s'estompent un peu. Joli village d'Espés avec son cimetière accroché sur une terrasse qui domine des gorges dans lesquelles je descend. Alins où je fais le plein d'eau. Un dernier petit col avant Bonansa. Le bar du club de tennis est ouvert... J'ai la flemme de monter jusqu'au village, le GR l'évite aussi, ça tombe bien !

 

 

La piste circule au milieu des champs. Je regarde mes pieds et je dois louper le GR car je contourne Cirés. Dernière descente sur un sentier couvert de cailloux qui glissent sous les godasses, je me rattrape plusieurs fois de justesse. Le cheval sent l'écurie, il galope, le diable !

Une dernière traversée de potagers et je me pose au bar du Klaxon... Même pas un panneau pour dire qu'on est arrivé ! Tant pis, moi je le sais ! Belle équipée solitaire avec ces 24 jours de nomadisme. Un luxe, au XXIème siècle !

 


Dernière balise... Arrivée à Pont de Suert !


Et Christophe Colomb, à Barcelone, pour mettre un terme à ces 22 jours de rando !