J5 dimanche 6 août 2017. 25km. 8h. D+ 570m D- 605m. (soleil) Traversée de la Petite Pierre qui est plus déserte qu'hier soir. Pas un chat, juste un vttiste rencontré vers le jardin des poètes qui domine le village. Un panneau sur le poète René Char qui parle d'une "nef à l'ancre dans l'attente de notre montée"... encore un qui s'amuse à des métaphores marines en montagne ! Nous avancions sur l'étendue embrasée des forêts, comme l'étrave face aux lames, onde Nous le vîmes à l'instant que le village nous apparut, bâtisse d'aurore et de soir nonchalant, Tu nous l'apprends, sous-bois. Graufthal sous le soleil et ses maisons troglodytes toutes de bleu repeintes. Ah ces géraniums et ces façades aux couleurs éclatantes... ça sent bon l'Alsace ! Puis des chemins et des chemins à ne rien voir de particulier si ce n'est mes pieds qui déroulent une marche automatique. Je vais en roue libre, le cerveau branché sur les ondes qui sont les siennes, ce n'est pas moi qui suis aux commandes.
Arrêt bistrot à Oberhof. Dans cette auberge au bord de la route, ils dressent les tables pour le repas de midi. J'aurai bien pris une assiette de charcuterie... mais, non ! ça ne se fait pas. Tu parles d'une auberge ! J'en connais qui t'aurait tranché dans le lard et la saucisse avec un petit coup de rouge... mais ce ne doit pas être le genre de la maison. On préfère les touristes alsaciens et leur grosses bedaines. C'est vrai que je fais tache avec la terre que je laisse sous mes pieds. Je me mélange complètement les pinceaux dans le coin de la ligne TGV qui ne figure pas encore sur mes cartes. Je m'enfile sur un chemin qui n'est pas le bon. Quand je m'en rends compte, c'est un peu tard pour rebrousser chemin. Je suis dans la descente sur Saverne où je retrouverai le GR mais faut absolument que je trouve un coin pour poser le camp avant. Déjà presque 8h de marche et je n'ai pas envie de me lancer dans une traversée urbaine suivie d'une montée vers un hypothétique endroit de bivouac. Sainte Barbe vient à mon secours sous la forme d'une chapelle - bien fréquentée il est vrai en cette fin d'après midi - mais je vais m'arrêter là. Tant pis pour le bruit de l'autoroute bien présent. Je monte la tente, fais quelques caches dans le secteur et papote avec les promeneurs un peu surpris de me voir camper ici...
J6 lundi 7 août 2017. 30km. 10h. D+ 1100m D- 755m. (soleil) Rude et belle journée. Je descends sur Saverne où je récupère le bon GR et son fidèle rectangle rouge. Un salon de thé me tend les bras et c'est parti pour un café, croissants. J'en profite pour acheter un casse croûte qui se révèlera être divin, au pied de la tour du Brotsch. J'apprécie Saverne, tôt le matin et je prends en photo une licorne... pas fréquent comme sculpture urbaine ! Le sentier longe le canal où une pénichette manœuvre sur l'écluse et j'attaque ensuite la montée vers le château du Haut Barr. Tous ces endroits devraient être visités tôt le matin. Pareil pour les villes. C'est à cette heure, où personne ne te dérange, à part quelques matinaux qui, comme moi, respectent ce moment magique de la journée.
Depuis deux jours, il n'y avait rien de remarquable sur mon chemin. Aujourd'hui, c'est à nouveau monts et merveilles. Haut Barr, la tour du télégraphe de Chappe, la tour du Brotsch, le sommet des Geissfels, le rocher de Dabo... et puis j'oubliais presque la grotte de Brotsch et cette énigmatique énorme cuve taillée dans un monolithe de grès et comme abandonnée dans la pente. Pas beaucoup d'endroit pour faire le plein d'eau et j'utilise la bonne vieille ressource du robinet dans un cimetière à la Hoube, le village le plus haut de Moselle !
Arrivée aux abords de Dabo, je planque mon sac et pousse jusqu'au centre du village acheter quelques barres de céréales, une bouteille de Coca... et une bière ! Je pose le sac dans une clairière. Mais le soleil tape encore fort et je décide de pousser jusqu'au col de la Schleif. Beau coin mais très fréquenté. Un jeune campeur un peu comme moi mais surtout tout un groupe rassemblé autour du barbec collectif. En tout cas, il n'y aura pas le bruit de fond autoroutier du bivouac au-dessus de Saverne et la nuit sera bonne.
J7 mardi 8 août 2017. 26km. 8h30. D+ 660m D- 1120m. (tempête puis soleil) Mon voisin de bivouac dort encore quand je quitte le col. Je termine ma nuit dans la descente vers la D224 et je loupe un croisement. Rien de grave, je récupère le chemin plus bas. Belle fontaine Helwig. Mais je n'ai pas besoin d'eau surtout qu'elle commence à tomber sous forme de pluie. Longue montée sous la pluie vers le Schneeberg. Presque une ambiance alpine où je vais frôler les 1000m d'altitude. Ajoutez à cela, la tempête et la pluie bien serrée... j'en suis à me demander si je n'aurai pas dû rester sous la tente, ce matin... Je bifurque, un peu avant le sommet, pour atteindre le refuge du Schneeberg. (petite source juste avant d'y arriver). Quand tu trouves un refuge comme celui là juste au moment où tu en as vraiment besoin, tu as l'impression que les dieux sont avec toi, qu'il ne peut rien t'arriver, tu es invincible. Je sors mon réchaud, un petit café et je sèche mes fringues tout en regardant passer les nuages dans la vallée. Mais, je fais quoi maintenant ? Je reste là jusque demain (j'ai de l'eau à la source à proximité et j'ai de la bouffe) ou je me remets en route sous la pluie. La météo a l'air de se calmer. Mais si je continue, plus d'abri possible... Tant pis, j'y vais ! Et finalement, j'ai eu raison... le soleil va réapparaître Les châteaux du Nideck... un peu déçu. Faut dire que je n'ai vu que le château ni le château du haut ni la cascade, un éboulement et l'itinéraire du GR a été modifié. Il passe maintenant vers le Hirschfels. Je termine à Urmatt gare. Les trains vont s'enchaîner pile poil jusque Wissembourg où je récupère ma voiture vers 19h.
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