Mines et Forges au XIXe siècle. Novéant sur Moselle (57)

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Denis Jacquemot (2024)

 

Introduction
tableau synoptique

Forge Haute de Novéant (chronologie)
Forge Haute : visite de 1857
Forge Haute : visite de 1857 (suite)
Forge Haute : témoins du passé
Forge Haute : témoins du passé (suite)
Forge Basse de Novéant (chronologie)
Forge Basse : visite de 1857, la minière
Forge Basse : visite de 1857, l'usine
Forge Basse : témoins du passé

 

 

FORGE HAUTE DE NOVEANT.

 


Localisation de la Forge Haute et de la carrière de castine (Stein-Bruch).

 

Historique. Chronologie.

 

1785 .
Edition d’une carte des gisements et concessions en lorraine d’après Dietrich. Rien n’est signalé à Novéant.

5 juillet 1856.
Demande d'autorisation de Messieurs Corr et Gautier adressée au Préfet de Moselle afin d’établir « une usine de fer » à Novéant.

9 août 1856.
On note une opposition de Monsieur Pidancet (ci-dessous quelques extraits) :

Le soussigné Pidancet Jean Victor, domicilié à Novéant, déclare former opposition à l’établissement des forges et hauts fourneaux en construction et à construire par la suite...

Il fonde son opposition :

  • Sur ce que les établissements désignés ci-dessus et ceux qui pourraient être établis par la suite comme leur complément, porteront un grand préjudice aux propriétés qui les avoisinent et plus particulièrement au soussigné dont la maison d’habitation et le jardin se trouvent le plus à proximité de ces établissements, par la fumée, le bruit, les flammèches, la poussière, l’odeur, l’insalubrité résultant des émanations méphitiques que répandront les hauts-fourneaux en projet, ainsi que les hautes cheminées construites et à construire.
  • Sur ce que les forges de M.M. Corr, Gauthier et compagnie sont établies dans un pays de vignobles et de petites cultures où les bras sont souvent insuffisants pour donner tout le développement nécessaire à la culture du sol et lui faire rendre tout le produit que l’on est en droit d’en attendre.
  • On demande si, au mépris des intérêts de plusieurs personnes établis depuis longtemps dans une localité, on peut impunément déprécier leurs propriétés en rendant leurs habitations inhabitables ou pour le moins très insalubres.

Fait à Novéant le 9 décembre 1856

 

1857.
Rapport de visite de l'élève ingénieur des mines, Mr Julien, sur les usines Corr, Gautier et Cie (Forge Haute) à Novéant ainsi que celle des frères Puricelli (Forge Basse).

 

 

17 février 1858 .
Rejet de l’opposition par le Conseil central d’hygiène de la Préfecture de la Moselle. La réponse est riche en renseignements (quelques extraits ci-dessous)  :

Rapport sur une demande en autorisation relative à l’établissements de fours à coke dans l’usine

De MM. Corr, Gautier et Cie, à Novéant.

Le développement rapide de l’industrie métallurgique dans la vallée de la Moselle, représentée par l’établissement successif, en peu d’années, d’importantes usines au pied des coteaux qui bordent à gauche le cours de la rivière, en occupant d’Ars à Novéant, une étendue de 6 km, n’a pu s’opérer sans faire naître, avec des avantages en perspective, plus d’une appréhension dont il importe d’apprécier la valeur.

Sans parler des résultats d’une modification inévitable dans les habitudes des populations voisines que des salaires plus élevés enlèvent à la culture de la vigne, en compromettant ainsi l’ancienne et principale richesse des mêmes localités ; sans parler d’avantage de l’influence des travaux pénibles de l’atelier substituant à la vie des champs, non moins laborieux sans doute, mais compensée par plus de variété et une participation intellectuelle plus grande. Il reste, en dehors de ces faits, du ressort de la libre disposition de soi-même, quelques autres questions plus ou moins secondaires qui n’échappent pas aussi complètement aux prescriptions de l’hygiène formulées dans l’intérêt de la santé publique.

Ce n’est donc pas la fumée, versée d’ailleurs à une assez grande élévation dans l’atmosphère, qui peut devenir, dans cette circonstance, une source réelle d’incommodité, mais plutôt l’espèce de buée que doit produire chaque jour à des époques déterminées l’extinction du coke à la sortie des fours...

Une considération de cette nature fait regretter que l’on n’ait pas préféré aux emplacements qui ont été choisis par les divers foyers de l’usine, ceux que pouvaient également offrir les points les plus reculés du vaste terrain sur lequel l’installation s’est accomplie. Par une aussi sage précaution que pouvait conseiller une prévoyance bien entendue, bien des embarras eussent été évités ; la situation restant ce qu’elle doit être toujours, c'est-à-dire favorable à l’industrie, sans peser d’une manière fâcheuse sur la propriété.

C’est parce qu’il n’en a pas été ainsi que l’opposition que nous avons à rappeler s’est montrée énergique.

De sa maison d’habitation à la première cheminée des fours à coke, le jardin compris, pour une distance de 63 mètres. Dans cette première zone et les suivantes, il y a 153 mètres ; 240 mètres du même point à la cheminée de la halle dite des chaudières, et 300 mètres jusqu’à celle du haut fourneau.

L’isolement que ces distances déterminent laisserait moins à désirer si les vents dominants du sud-ouest sous lesquels l’usine et successivement le jardin et la maison se trouvent presque directement placés, n’en détruisaient pas sensiblement les avantages. Il y a là en effet un premier inconvénient à prendre en considération. Quant au bruit, qui n’est rien ou très peu de chose, dès que l’usine ne comporte ni martinets ni bocards ni roue mise en mouvement par une chute d’eau, il y a à peine à en tenir compte. Nous dirons des flammèches ou portions incandescentes de charbon incomplètement brûlées, qu’elles ne sont pas non plus à redouter, fortes ou légères ; elles se précipitent dans le premier cas au pied même des cheminées en dehors desquelles le tirage les a entrainées ; dans le second elles sont toujours complètement éteintes quand la colonne de fumée avec laquelle elles s’élèvent commence à se disséminer...

Reste celle-ci comme second inconvénient ; c'est-à-dire et plus particulièrement son odeur ou ses émanations méphitiques suivant l’expression employée en traduisant peut-être une exagération...

En dernière analyse, cette odeur elle-même est-elle insalubre dans l’acceptation du mot la plus générale ? Nous ne le pensons pas. L’expérience d’ailleurs répond pour nous : dans bien des localités, dans des cités entières, on a du s’y habituer et on y est arrivé sans avoir à lui attribuer une fâcheuse influence sur la santé...

Enfin, est-elle quelquefois susceptible de devenir méphitique, c’est-à-dire meurtrière ? Dans aucun cas, rien n’autorise à lui prêter ce nouveau caractère... qui bien plutôt et trop souvent doivent leur origine à ces amas infects de matières animales et végétales imprudemment rassemblés et abandonnés sur la voie publique sans songer aux dégagements d’une fermentation putride qui ne tarde pas à s’y développer en s’accompagnant de dangers plus réels.

Ainsi, point de méphitisme, point de bruit ni risque d’incendie. Néanmoins, odeur désagréable attribuable à la fumée. Si ce dernier motif ne peut avoir de valeur qu’en l’appuyant sur des atteintes essentiellement portées à la salubrité, nous conviendrons volontiers ne pouvoir lui donner autant d’importance. Mais l’établissement a ses incommodités ; toutefois, elles paraissent insuffisantes pour entraîner le rejet de l’autorisation demandée, et la Commission s’associe au Conseil pour l’appuyer.

8 juillet 1858.
Rapport de l'ingénieur des mines suite à la demande de MM. Corr et Gautier d'établir, à Novéant, une usine de production de fer et de fonte. Mr Corr est domicilié à Novéant et Mr Gautier à Metz.

 20 septembre 1858.
Décret de Napoléon III autorisant Messieurs Corr et Gautier d'établir "une usine à fer". Le projet fait état de quatre hauts fourneaux au coke et un haut fourneau à bois pour la fusion du minerai, quatre cubilots pour la seconde fusion de la fonte, vingt fours à puddler et cinq fours à réchauffer pour la production du fer ainsi que deux feux d'affinerie au charbon de bois.

 


En-tête du décret napoléonien.

 


Tampon à sec des forges Corr et Gautier sur une correspondance de 1858.

 

7 mars 1861.
La société Vezin Aulnoy se rend adjudicataire de La Forge Haute de Novéant dépendant de la Société Corr, Gautier et Compagnie.

2 décembre 1861.
Lettre adressée par la société Vezin Aulnoy au préfet de la Meurthe à Nancy pour annoncer l'ouverture du premier haut fourneau prévue pour le 15 janvier 1862 et un suivant pour le 1 er mars 1862. Il s'agit de hauts fourneaux de grandes dimensions, capables de consommer 150 à 180 tonnes de minerai par jour.

La société demande l'autorisation d'expédier du minerai de leurs recherches de Nancy, Pompey et Marbache vers leurs hauts fourneaux de Aulnoy les Berlaimont (Nord) et de ramener en retour des cokes pour approvisionner l'usine de Novéant. Ce minerai importé va également servir à alimenter les hauts fourneaux de Novéant.

19 avril 1866.
Adjudication de la carrière de la côte du Rudemont pour en extraire la castine pour l’usine de Novéant.

5 septembre 1866.
Avis de l'ingénieur des mines sur l'adjudication des carrières du Rudemont pour fournir en castine la Forge Haute de Novéant.
« L'adjudicataire s'engage à fournir et à conduire à pied d'œuvre tous les laitiers nécessaires à l'entretien des chemins, à partir de la forge en suivant la Grand ‘rue de Novéant jusqu'au chemin montant à la côte au lieu-dit Croix Jean Briot. La mise en œuvre sera faite par le cantonnier communal ».

1869.
Rapport de visite de A. Olay, élève ingénieur des Mines de Paris.

29 juin 1872.
Création de la Société Anonyme Vezin Aulnois (Hüttengesellschaft Novéant) dont la première assemblée générale des actionnaires s'est tenue à Sarrebruck, en juillet 1872.

1880.
Document allemand citant la société minière "Hüttengesellschaft Novéant".

11 juin 1883.
Théodore Müller résidant à Maizières les Metz remplace l'ancien directeur démissionnaire à la tête de la société Hüttengesellschaft Novéant.

Mai 1896.
La société "Hüttengesellschaft" fusionne avec la société "Fred Mansuy" sous le nom de "Montangesellschaft Lothringen-Saar".

6 juin 1899.
Carte de la concession Katharina.

1918 .
Dossier de liquidation de la Société Anonyme des hauts fourneaux et fonderie de Novéant : descriptif des parcelles mises sous séquestre. (Archives allemandes)

1960 .
Acquisition des terrains par la commune de Novéant auprès des Fonderies de Pont à Mousson pour la création d’un terrain de sport. Superficie : 10 hectares.

27 mai 1981.
La société des mines Sacilor Lormines renonce à la concession de la mine de fer Katharina, à Novéant.