Quelques compagnons rencontrés au hasard des courants...


Suivent quelques extraits du livre de bord tenu à tour de rôle par les cinq membres de l'équipage : Marie et Marc, pour la capitainerie, Madeleine, Steph et Denis, pour les moussaillons.

Il est temps d'organiser les quarts pour la nuit. Je prends le premier avec Marc... "Folie des Maires" - le nom du bateau - fend les vagues de la nuit. La demi lune éclaire Marc qui s'endort. Quelques étoiles s'accrochent en haut du mat. Bonheur simple d'être là, c'est mon premier quart... (Madeleine).

 

 

La grande ourse dans notre dos, on laisse dans notre sillage des méduses phosphorescentes. Cap au 140° ! Assis côte à côte, deux vigies scrutent l'horizon en devisant sur d'autres horizons passés ou à venir. L'est blanchit, rosit, blêmit, pas de verbe pour dire qu'il prend ensuite toutes les nuances de l'orange. La Corse commence à festonner ses pointes au loin. Les étoiles s'éteignent une à une... L'île se rapproche. Le Cappo Rosso est répéré ainsi que la barrière rouge de Scandola... (Denis).

 


 

17h30, nous tentons une ballade en annexe sur la réserve de Scandola. Mais, une fois dépassé le cap, nous nous retrouvons au vent qui lève une clapot qui va nous tremper. Nous rebroussons chemin en attendant des jours meilleurs. Nous nous faisons plaisir tout de même en longeant les rives ocres où chacun rivalise d'imagination en y voyant des monstres, des gnomes, des animaux, des êtres fantastiques... Sur un piton rocheux, un nid de balbuzard pêcheur duquel une tête blanche émerge pour nous toiser de haut... (Marc).

 

 

Denis nous a préparé une balade côté montagne dans la réserve de Scandola... On s'engage sur un chemin pentu qui quitte Girolatta. Bien vite, notre chemin deviendra sentier de transhumance. Nous suivons les crottes d'un mulet qui semble nous mener vers les cimes. Mais nous voici déjà à quatre pattes puis ventre à terre pour progresser dans le maquis. Où sont les cairns, traces humaines que nous devons suivre ? Parfois ici puis soudain disparus. Il est vrai que l'odeur enivrante de la myrte et de la ciste nous fait perdre le sens de l'orientation. Plus haut, un panorama d'enfer dans un monde minéral, mélange de roches rouges, ocres, maculées de lichens verts et jaune orangé. Dédale entre les failles, contorsions dans le chaos de blocs rugueux. Nous escaladons des monstres mythiques sortis du ventre de la terre ! (Steph).

 

 

Nous embarquons dans la baleinière et remontons à petite vitesse les rochers de la réserve de Scandola. Les roches sont roses, briques, orangées, parfois vertes ou brunes. Les matières lisses, fissurées, grumeleuses, boursouflées, crevassées... Nous croisons le rocher Lafayette qui, imperturbable, scrute l'horizon. Des orgues basaltiques escaladent les rochers... (Marie).

 


Le rocher Lafayette.

Direction le Capo Rosso pour jeter l'ancre à son pied, dans la baie de Thurgio. Fin de la journée avec un dernier tour en annexe pour visiter les alentours du cap. Nous pénétrerons dans une longue grotte aux parois abruptes. Le fond est rempli de galets ronds et foncés. (Marie).

 


Le soleil se couche sur le Capo Rosso.