Vendredi, 26 juin.

De Bestué à Lafortunada. J19

D+, 965m. D-, 1140m. 8h45. 17km

 

Départ 7h10. Tout un troupeau en transhumance vient de passer sur la piste dans un concert de sonnailles et de meuglements. Le ciel est limpide et la journée s'annonce caniculaire ! Le sentier rejoint la piste assez rapidement. Je me fais doubler par un couple de bergers à cheval (enfin, l'homme est à cheval, la femme, à pied, tire la monture).

 

 

Je quitte la piste pour monter vers le collata Raton, berceau de prairie dominé par un pic calcaire qui dresse son doigt vers le ciel. La lumière rasante du petit matin irise ce tapis de graminées, en adoucit les formes. Les diablesses de mouches sont déjà là !

 


Collata Raton

La descente vers Escuain est bien raide... en montant, ce ne doit pas être une mince affaire ! On évite le village qui est un point de départ de randos. Un parking regorge de camping cars, de grimpeurs... Un petit bout de macadam avant de prendre le sentier qui descend vers Estaroniello. Le cheminement sous bois est agréable et bien frais. Juste après la passerelle qui mène au petit hameau, je rencontre un couple d'espagnols qui randonnent. Membres d'un club de montagne, ils s'emploient régulièrement à baliser les chemins. Ils m'emmènent chez un gars qui retape une vieille maison. Je fais le plein d'eau dans sa cuisine. Ils me promettent un bon moment sans trouver de fontaine.

 

 

Rude grimpette en plein soleil pour arriver à Arinzué. Mais si qu'il y avait de l'eau ici ! C'est d'ailleurs la seule chose qui bouge dans ce village écrasé de chaleur. Je consomme un maximum d'eau...

 


Fontaine à Arinzué.

 

Petite pause au dolmen de Tella pour y chercher une géocache. Au loin, je reconnais le collata Raton. ça fait du bien pour le moral quand, en se retournant, on voit le chemin parcouru !

 


Le dolmen de Tella. Au loin, le col Raton.

 

Encore un petit kilomètre et j'arrive à Tella avec tous ses panneaux d'information ! Y a de quoi lire... La maison du parc est fermée mais les toilettes sont ouvertes. Et je refais encore une fois le plein d'eau ! Trois litres donc trois kilo dans le sac mais l'heure du bivouac approche et il me faut ça si je ne veux pas me priver. Y a rien de plus horrible que de se rationner en eau !

Je manque une balise dans le village et je me retrouve à l'ermitage qui domine Tella. Marche arrière... je retraverse les ruelles en ne dérangeant même pas chiens et chats qui sont couchés à l'ombre des maisons. Depuis deux jours maintenant, la chaleur est torride, parait que ça vient du Sahara !

 

 

Dans la descente sur Lafortunada, je trouve un coin de bivouac, à côté d'une conduite forcée qui alimente la centrale au fond de la vallée.

Depuis Tella, le balisage du GR15 est plus ancien... les poteaux de direction sont vieux et il faut être un peu plus attentif.

Monter la tente, faire du thé, flâner et bouquiner un peu, faire chauffer la soupe et les nouilles, voilà de quoi meubler la fin d'après midi. Une petite balade pour faire quelques photos du coucher de soleil. Je lève un chevreuil et un sanglier qui s'éloigne en grognant, apparemment pas très content de mon voisinage...

 

 

Samedi, 27 juin.

De Lafortunada au lac de La Mora. J20

D+, 1700m. D-, 895m. 9h10. 18km

Lever à 6h et c'est la première fois qu'à cette heure, je n'ai pas besoin d'une petite polaire... ça promet ! La journée va être chaude !

Descente sur Lafortunada où on s'affaire déjà à préparer le passage d'une course cycliste.

Deux chevaux m'accueillent devant l'église de Badain dont une partie de l'édifice semble avoir été occupé par une auberge dont il ne reste plus qu'une vieille pancarte. Au-dessus du village, on fauche déjà les foins et moi je grimpe. Juste après être passé sous une conduite forcée, je loupe les balises et me tape 100m de dénivelé pour rien. Les mouches sont déjà en forme...

 


Toujours le col Raton, à l'horizon !

 

Je retrouve le bon chemin qui monte tranquillement jusqu'au col de Mataire avec son refuge... Pour moi, toutes ces bicoques qu'on appelle "refuge" et qui sont fermées à double tour, c'est pas l'idée que je me fais d'un refuge en montagne. Ils sont rares, les abris ouverts que je rencontre.

Descente au pas de course sur Saravillo où je dois absolument arriver avant midi si je veux avoir la chance de trouver du pain et quelques victuailles, mon sac est cruellement vide. Je tombe sur un bar qui fait également alimentation. On y vend un peu de tout mais pas de pain ! Heureusement, l'épicière me coupe un morceau du sien. J'embarque également quatre oranges et prends un coca et une glace sur la terrasse.

Et là, je me rends compte d'une erreur que je n'avais pas vue sur le guide (page 68). Ce ne sont pas 400m qui m'attendent jusqu'au col de Labasar mais 900m... Les oranges vont faire merveille et bien que ça tire dans les mollets, on est à l'ombre la plupart du temps. Le balisage fait un peu défaut par moment. Rencontre avec un espagnol un peu bizarre qui descend à vide et veut me taper de la nourriture. Il n'en finit pas de me baragouiner des choses que je ne comprends pas...

 

 

Arrivée au col... une vingtaine de voitures ! Drôle de sensation. Toi, t'en chies à pied et, eux, se pavanent sur des chaises longues. Je ne leur en veux même pas, ils sont pas de ma bande ! Faut dire que le lac de La Mora est un spot familial et qu'on est en plein weekend. Au bord du lac, on se croirait à la foire du trône... non, j'exagère un peu. Je trouve un petit coin sympa et, à peine le temps de souffler, qu'un groupe vient s'installer tout contre moi ! Les places à l'ombre sont chères... mais, ils m'offrent un verre de rouge.

 


Lac de la Mora.

 

Le temps passe... un à un, tous ces groupes quittent les lieux pour regagner leurs voitures, au col. Et je me retrouve tout seul... enfin presque ! Mais ceux qui restent pour y passer la nuit, sont bien plus discrets. Je monte la tente et vais faire le plein d'eau dans un torrent, au sud du lac.

Le soir tombe sur le lac. Quelques sommets rougeoient encore sur les crêtes puis l'obscurité tombe, la lune se lève, la fraîcheur est bien bonne.