Jeudi, 11 juin.

De Elizondo au col de Urkiaga. J4

D+, 1185m. D-, 435m. 7h30. 19km.

Je traîne un peu ce matin... lever vers 7h et je démarre à 8h30 après un dernier café au bar sous l'oeil indifférent de son patron toujours aussi taciturne. Je laisse passer la dernière averse. Les rares passants abrités sous leurs parapluies louvoient entre les flaques d'eau. Je pars sans trop savoir de quoi sera fait cette journée...

La montée n'est pas trop raide et assez régulière (à part une portion de piste bien pentue). La pluie tambourine sur les feuilles des arbres. Avec un peu d'expérience, rien qu'au bruit, on pourrait deviner l'essence de l'arbre. C'est quand même le châtaignier qui est le plus bruyant. Les gouttes s'écrasent sur ses feuilles en un bruit sonore et claquant.

 


Il est des petits matins pas très engageants...

 

Des traces fraîches de chaussures laissent penser qu'il y a un marcheur devant moi. Eh oui, je le rattrape au col de Urballo. C'est Vincent (le hrpiste rencontré hier à l'hôtel). Arrêt commun au point d'eau, robinet juste à côté d'un petit appentis ouvert où un autre français a passé la nuit. Trois marcheurs français qui se retrouvent au même endroit, c'est fort (surtout que ce seront les seuls randonneurs que je rencontrerai pendant tout mon parcours) ! Le soleil est même de la partie ce qui permet de sécher un peu tout en bavardant, en comparant le poids de nos sacs, nos rations de bouffe... Vincent se rappelle avoir consulté mon blog quand il préparait sa rando. Un lecteur... ça fait plaisir !

 


Vincent rencontré au col de Urballo.

 

On monte ensemble jusqu'au point 1000m où la HRP et le GR11 se séparent.

Puis, beau parcours sur les crêtes dénudées au milieu des tumulus, des chevaux, des moutons et des vautours.

 

 

L'orage m'a pris au col de Zaldegi. J'ai fait le gros dos en attendant que ça passe. Abrité sous un abri d'une cabane de chasse, je regarde tomber la pluie. Je fais le plein d'eau... c'est un comble avec tout ce qui tombe ! Le gros de l'orage s'éloigne en grondant tout ce qu'il sait et je me remets en route.

 

 

Le ciel redevient clair mais un fort vent balaie les crêtes vers le col de Enekorri. Très beau parcours avec des envolées de paysages dénudés. Les vautours s'en donnent à cœur joie ! Des petits piquets rouges et blancs jalonnent le parcours sur les pelouses sommitales. Malgré tout, ça doit craindre par temps de brouillard. La piste est très discrète et circule au milieu des multiples sentes de moutons, faut pas la quitter !

 

 

Puerto de Urkiaga... heureusement que j'ai rempli mes réserves d'eau au col de Zaldegi car, ici, pas une seule goutte d'eau (contrairement aux indications du guide) et l'endroit n'est pas terrible pour planter la tente. J'opte pour le sommet d'un bunker, ça rappelle la Lorraine...

Un nouvel orage éclate et secoue bien les arbres au-dessus de moi. Bien au chaud dans la tente, il est 18h et je pars pour une petite sieste... pas d'heure pour les braves !

C'est à l'abri dans le bunker que je ferai ma soupe et la petite boîte de lentilles que je trimballe depuis Elizondo. Quelqu'un a du dormir ici, un lit de fougères tapisse le sol. Mais aujourd'hui, ça patauge et l'eau arrive de partout.

 

 

 

Vendredi, 12 juin.

Du col de Urkiaga à Burguete. J5

D+, 715m. D-, 755m. 5h50. 16km.

Lever tardif vers 7h. Mais la tente est sèche. Le vent qui souffle y est pour quelque chose. Le ciel est mitigé mais globalement meilleur que ce qui était prévu. La météo espagnole est aussi imprévisible que la notre. Je peux boucler mon sac au sec.

 

 

Je me mets en route à 8h30. La montée est régulière dans les bois. Puis, à nouveau un beau tronçon sur les crêtes. La descente le long du barranco Odia est raide et glissante. Il faut assurer son pas sur ces pierres rondes et luisantes qui n'ont pas eu le temps de sécher.

 

 

Un petit café et un coca à la Casa Pablo avant d'attaquer la montée raide jusqu'au col d'Arbilleta. Peu après, je me plante en beauté ! Les balises sont un peu discrètes depuis quelque temps ou bien c'est moi qui ne suis pas assez attentif... toujours est-il que je suis obligé de tirer un azimut et de descendre à travers bois, en suivant le GPS. Je tombe sur une bonne piste qui file dans la bonne direction et je rejoins ainsi le chemin de Compostelle qui m'emmène jusque Burguete.

 


Arrivée à Burguete.

 

Un bel orage me chope juste à mon arrivée dans le village. J'ai eu de la chance aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle passer entre les gouttes !

Les compostelleux sont nombreux et les auberges à l'enseigne de la coquille Saint Jacques fleurissent à tous les coins de rue. Je croise plusieurs pèlerins un peu surpris de me voir marcher dans l'autre sens qu'eux !

Je sèche mes affaires dans un hôtel du village, celui qui a vu passer Hemingway... Pour la suite, il me faut trois jours de ravitaillement. Je fais le point et complète mes provisions au petit supermarché du village.

J'ai été repérer le début du sentier... c'est un peu le bordel ! Il y a des marques rouges et blanches un peu partout sans compter le chemin de Compostelle. Le tracé du GR11 actuel diffère de celui décrit dans le livre de Paul Lucia. Un beau panneau à la sortie de Burguete décrit l'étape à venir, plan, coupe, horaire... j'espère que sur le terrain, il en sera de même ! Je rejoindrai le tracé initial à Ochagavia, en gagnant un jour par rapport au guide. Le document PDF de la fédération montagne de Navarre est complet mais il est en espagnol et il n'y a pas de carte.