Samedi, 13 juin.
De Burguete à Hiriberri. J6
D+, 965m. D-, 710m. 7h30. 19km.
Départ 6h45. Le chemin est bien balisé ce qui ne m'empêche pas pourtant de les perdre deux fois avant Nabala. Mais c'est de ma faute, je pense. A force de regarder l'état de mes chaussures et des réparations à la colle seamgrip (pas de pub, mais c'est vraiment une colle miracle, bonne à tout faire !), j'ai vite fait de louper un embranchement... Pour en revenir aux chaussures, j'ai vraiment l'impression que, quelque part, on se fout de nous. Celles que j'ai aux pieds n'ont fait que 10 jours de rando il y a 3 ans et déjà c'est la catastrophe ! ça pète toujours aux jonctions entre deux matériaux différents.
J'arrive quand même à Latxaga, le point culminant de l'étape. J'y reste un moment, vautré au milieu des orchidées à regarder planer les vautours. Le ciel est menaçant par moment. Faut espérer que ça tienne jusqu'au bout...
Belle descente à travers les barres rocheuses qui dominent Orbara. Mais ça glisse pourtant avec toute cette humidité ambiante. Un petit crachin pas bien méchant m'accompagne jusqu'aux portes du village. Le bar, sur la place est ouvert...
Orbara
Quelques hésitations sur le trajet pour quitter ce beau petit village de montagne. Le suivant, Hiriberri, est joli aussi. Le temps a l'air de se maintenir. Je marche encore 45 minutes et je plante la tente juste avant l'orage quotidien et sa procession d'averses. Pendant les périodes d'accalmies, ça gronde vers l'ouest et le ciel est bien plombé.
Hiriberri
On trouve de l'eau à Orbara et Hiriberri (fontaines) ainsi que deux abreuvoirs à 1/2 heure au-dessus de Hiriberri.
Pas trop de problèmes pour trouver un emplacement pour la tente dans le parc à vaches. Juste le temps de la monter avant l'orage qui éclate juste au-dessus de moi. Les éclairs faisaient même meugler les vaches. Bien à l'abri dans ma petite bulle un peu secouée par le vent, je casse croute tout en comptant les secondes entre l'éclair et le coup de tonnerre... 3 secondes, puis 5, puis 15... La pluie s'est arrêtée mais je suis en plein brouillard maintenant.
L'orage arrive.
Encore quelques pages de ma liseuse et la nuit s'annonce bonne.
Dimanche, 14 juin.
De Hiriberri à Ochagavia. J7
D+, 710m. D-, 1060m. 7h30. 20km.
Départ 7h, en plein brouillard. ça grimpe presque tout de suite. Le sentier est bien défoncé et boueux. Je débouche sur le sommet de la côte, un sentier un peu confidentiel, en sous bois, juste sous le revers de la crête. Les rayons du soleil percent à travers brumes et arbres et illuminent des petits spots de pavot de Galles (Méconopsis).
Pavot de Galles.
Dès que possible, je grimpe les quelques mètres qui me séparent de la crête... pour un spectacle inouï : des îles vertes et boisées émergent d'une mer de nuages. Les lambeaux de brume vont et viennent au fond des vallées et filent vers l'horizon sous un ciel étincelant, sans nuages. Un à-pic vertigineux hérissé de roches m'offren un spectacle dantesque où je repère le chemin parcouru depuis quelques jours. Vers l'est, une dentelle de sommets ferme l'horizon dans une lumière bleutée. Je reste là, scotché, un bon moment !
Mais quelle chance... car le sentier est balisé mais guère emprunté. On le suit difficilement en s'aidant des cairns et de quelques marques. ça doit être éprouvant et quasi impossible par mauvais temps.
On rejoint des alpages qui nous mènent sur la sierra de Abadi. J'y fait une longue pause pour sortir le contenu de mon sac et l'étaler au soleil. Mes chaussures sont complètement détrempées après la marche dans les hautes herbes et sur les alpages. Une longue descente m'attend pour atteindre Ochagavia et j'aimerai autant la faire avec les pieds secs. Déjà quelques ampoules fleurissent sur mes orteils, résultat de ce jours passés à marcher avec les pieds mouillés.
Longue pause au soleil pour sécher le contenu de mon sac...
Je continue sur la crête jusqu'au Paso de Alforcas (1440m) où je rejoins l'ancien tracé du GR11. Longue descente jusqu'à l'ermitage de Muskilda.
Ermitage de Muskilda
Descente qui se poursuit sur un vieux chemin dallé jusqu'au village de Ochagavia. Une course cycliste vient d'y passer et on s'active à ranger banderoles et bannières. Mais c'est dimanche... tout est fermé. Encore un camp hôtel ! 3 bivouacs et 4 hôtels depuis mon départ. Mais quand la météo n'est pas bonne, il faut savoir épargner son moral...
Vraiment une très belle étape, peut-être la plus belle depuis le début.
Ochagavia.