Mercredi, 17 juin.

De Anso à Brixen de Catarecha. J10

D+, 860m. D-, 820m. 7h. 16km

Départ comme d'habitude vers 6h40. Mon horloge interne est un vrai coucou suisse ! Le ciel est plein bleu, quelques nuages accrochés vers le nord et moi, je file vers l'est.

 

 

J'entame la montée vers le cuello de lo Penazo qui domine la fuen d'a Cruz. Des buis, des pins sylvestres... la forêt est différente de celle des autres jours. Terminés les hêtres tortueux. Soudain, le paysage est plus méditerranéen. Au col, un fort vent du nord assez froid m'empêche de faire une halte trop longue. Le sentier a l'air bien balisé. La fontaine de la Cruz coule un tout petit peu... pas sûr que ce soit encore le cas en plein été.

 


L'église d'Hecho.

 

Je fais quelques courses au village d'Hecho, un petit café et du tabac. Le sentier tantôt ombragé tantôt au soleil me mène à Urdues. Quelques maisons, une église toujours aussi monumentale, les restes d'une fête... village désert à part deux petit vieux assis à l'ombre. Je fais le plein d'eau et monte vers l'ermitage de la vierge de Catarecha. Quelques mètres en contrebas, un bon coin de bivouac avec des tables de pique nique, le tout au bord d'un petit ruisseau qui glougloute gentiment. Voilà un endroit qui me va bien pour y monter la tente.

 


L'ermitage de Catarecha.

 

Quels contrastes avec la journée d'hier ! La météo d'abord avec un soleil qui cogne bien fort. Les paysages, ensuite. Rien à voir avec ce que j'ai vu jusqu'à présent. Un véritable paysage à la Giono pour les yeux et le bruit du vent fort dans les arbres pour les oreilles. On se croirait en Provence... La vallée d'Anso a l'air de faire la limite entre l'influence atlantique et méditerranéenne. Le tracé du Gr15 emprunte de vieux chemins muletiers qui desservent des fermes aujourd'hui en ruines. Des portions encore dallées, des murets en train de retourner lentement à l'état de tas de cailloux, de vieilles pâtures envahies de broussailles... c'est un monde qui disparait. Il n'y a plus que les randonneurs pour laisser tomber quelques gouttes de sueur sur les pierres du chemin. Le vieil homme à qui je demandais le "camino por Urdes " a du les emprunter ces chemins, dans sa jeunesse. Son père, son grand père avant lui ont du les tracer et les entretenir précieusement. Pas besoin alors de marques rouges et blanches pour s'y repérer. Mais on ne devait jamais aller bien loin... le village voisin pour y faire la fête, peut-être.

 

Une pensée pour Vincent, le hrpiste rencontré les premiers jours. Où est-il aujourd'hui ?


Lin de Narbonne.


Jeudi, 18 juin.

De Brixen de Catarecha à Castiello de Jaca. J11

D+, 1065m. D-, 950m. 8h45. 22km

 

Lever 5h45 et départ 1 heure plus tard... c'est le temps immuable qu'il me faut pour plier le camp. Les premiers pas et un chevreuil se laisse prendre en photo juste derrière le monastère. Petite grimpette pour finir ma nuit jusqu'au col de Chilica où je rencontre un berger, veste sur l'épaule, accompagné de son chien. Sans doute étonné de me voir là de si bonne heure, il me demande où je vais et m'indique la direction, avant de s'éloigner. Le soleil me cueille juste au col, ça fait du bien et je me réchauffe un peu. J'avais les doigts tout engourdis.

Dans la descente, je croise deux vététistes qui montent difficilement en poussant leurs vélos. Ils n'ont pas l'air de savoir où ils vont. Je leur dis qu'ils rencontreront une piste d'ici 4 ou 5 km...

 

 

Aragues del Puerto encore bien désert puis Jasa où je remplis mes gourdes. Très beau coin de bivouac au bord du sentier, un peu après le village ( tables, eau...). J'arrive à mon deuxième col de la journée par un vieux sentier ombragé et je fais une petite pause devant le drôle de refuge forestier, Loma d'Aisa.

 


Loma d'Aisa.

Plus loin, je perdrai un moment le sentier au niveau du rio Estarrun. Je le traverse un peu à l'arrache, évite le village et j'arrive à Esposa par un sentier plat et herbeux. Pas beaucoup de traces de passage... Troisième col franchi pour atteindre Borao où je refais le plein d'eau. Inutile de chercher le sentier... c'est la route qui grimpe en plein cagna vers le quatrième col de la journée.

 


Picos Liena d'o Bozo, Liena d'a Gargantua et Aspe.


Les drôles de cheminées rondes des villages de Navarre.

Je ne veux pas dépasser, aujourd'hui, le village de Castiello de Jaca. Demain, pas beaucoup de points d'eau connus et de toutes façons, le soleil et la chaleur ont eu raison de moi. Mais il n'y a pas beaucoup d'endroit où monter la tente. Et après bien des hésitations, je m'installe simplement au bord du chemin. C'est pas terrible mais je n'ai guère le choix. Pas d'ombre, il est 18h15 et le soleil est là pour encore un bon moment. Inutile de penser se glisser dans la tente pour y faire une petite sieste, c'est une vraie étuve !

Etape longue sous le soleil... j'en suis à me demander si la pluie n'est pas préférable... non, je rigole !!