Vendredi, 19 juin.

De Castiello de Jaca à Iguazel. J12

D+, 630m. D-, 350m. 4h40. 14km

Lever 5h et café à la frontale. Je traîne un peu malgré tout. Une petite clope et je me mets en route à 6h30.

Ce matin, c'est un lièvre qui déboule devant ma tente !

Je remplis la moitié de mes réserves d'eau à Castiello. A partir de ce village, la signalétique du GR15 est ce qu'on peut faire de mieux dans le genre ! (panneaux détaillant les étapes avec kilométrage, dénivelé, horaires, difficultés... des balises rouges et blanches plus qu'il n'en faut). Et ça va être ainsi jusqu'à la fin de GR15 avec juste une petite lacune entre Tella et Gabas... chapeaux pour les bénévoles de la fédération aragonaise de montagne.

 


Bravo et merci à la fédération aragonaise de montagne pour leur balisage du GR15.

 

Une piste mène à la chapelle de san Juan, perdue et isolée au fond des bois. Elle est ouverte et pourrait servir de refuge (pas de point d'eau pourtant). L'intérieur me fait penser aux chapelles crétoises de l'an dernier où j'ai souvent bivouaqué. De vieilles peintures murales, de vieux bancs. Seules les dorures et les icones sont absentes...

Plus loin, le GR15 quitte la piste. On évite ainsi Cenabre. c'est dommage. J'aurai bien aimé traîné un peu dans ce village abandonné et, de plus, il y avait une géocache. Tant pis, le petit sentier ombragé que je prends est ombragé et longe un ruisseau au milieu des buis et des pins.

 

Ermitage d'Iguacel, endroit magique que j'atteins en début d'après midi.


L'ermitage d'Iguacel.

Personne... De gros arbres qui projettent une ombre accueillante sur une prairie douce aux pieds, des tables et des bancs, une fontaine et ses trois bouches d'où coule une eau limpide et fraîche, une géocache, tout ça fait que je n'ai guère envie d'aller plus loin aujourd'hui ! Sûr que cette étape est bien petite mais ça compense celle d'hier. Et je ne suis pas certain de trouver un coin aussi accueillant plus loin. Allez, je plante la tente !

 

 

Et j'ai eu bien raison... l'après midi s'est déroulé tranquillement. La tente est montée à l'ombre de deux grands saules et il y fait frais à l'intérieur : les bivouacs se suivent et ne se ressemblent pas. Comparé à la fournaise d'hier, posé au bord d'un mauvais chemin, ici c'est tout le contraire et ce ne sont pas les deux vététistes qui y font fait une petite pause qui ont dérangé la quiétude des lieux. Mille ans que ce monastère a commencé à être érigé... les bruits des tailleurs de pierre n'existent même plus dans la mémoire de l'endroit.

 

Le programme des prochains jours me pose question. Il faut absolument que je refasse du ravitaillement et l'arrivée à Biescas risque de se faire un dimanche... et là, toutes les boutiques sont fermées ! Mais je table sur le fait qu'on s'en sort toujours. Y a forcément une solution qui apparaîtra au fil des heures de marche.

Samedi, 20 juin.

De Iguazel à Biescas. J13

D+, 1155m. D-, 1470m. 8h15. 24km

Départ 6h45. La grande forme, ce matin et même pas de rosée sur la tente que je peux replier toute sèche. Bon augure !


Iris.

Après la traversée du barranco o Monde, je quitte la piste pour descendre sur Larrosa, village abandonné depuis les années 50/60 suite à une politique de reboisement des Pyrénées.

 


Larrosa.

L'église est encore debout, c'est l'édifice le mieux conservé. La toiture est effondrée par endroit mais l'autel, les fonds baptismaux et les cloches donnent à cet endroit quelque chose de sacré... comme une survivance d'un vieux rite oublié, comme un endroit préservé et entretenu par quelques chamanes qui pourraient surgir au détour d'une ruelle. Ce n'est pas un endroit anodin.

 

 

Je serpente parmi les maisons. Ici une vieille brouette, là une balustrade en bois comme accrochée en plein ciel. Quelques portes fermées que je pousse lentement et qui donnent accès à des abris de fortune pour les bergers des environs. Quelle ambiance... Un petit ruisseau coule à quelques encablures du village et son eau est bonne. Quel beau coin de bivouac dans une ambiance fin du monde ! Mais là, il est vraiment trop tôt pour que je m'y arrête !

 

 

J'attaque mon premier col de la journée. Colluguané est modeste mais bien pentu tout de même. Puis, descente bien raide mi piste mi sentier jusqu'à la passerelle qui me permet de traverser le rio Aurin avant de monter sur Acumuer. Je croise une famille qui descend vers le rio, suivie de près par le papi qui surveille ses ouailles.

 

 

Je fais le plein d'eau avant d'attaquer le gros morceau de la journée, le col Estachoplano avec ses 600m de dénivelé que je monte en deux heures. Vue magnifique sur la sierra de la Partacua.

Le GR15 est toujours aussi bien balisé. Les distances indiquées diffèrent un peu de celles données dans le guide. Pour Biescas, la distance annoncée depuis le col n'est que de 10km pour 3 heures... ça peut donc le faire. Il est midi et je peux être à Biescas aujourd'hui.

 

 

Longue descente où je croise un couple de chercheurs de champignons, un chien vient me lécher la main à Aso. Yosa, enfin, où le GR15 descend directement sur Biescas et ne fait plus le détour vers Santa Elena comme décrit dans le guide. Le nouveau sentier permet de voir la Senorita d'Aras, belle demoiselle coiffée. Arrivée à Biescas où se déroule une importante compétition cycliste... y a du monde dans les rues et aux terrasses !

Beaucoup de commerces mais pas de gaz. On m'assure que j'en trouverai à Broto. Je fais le ravitaillement (pain, chorizo, fromage).

Je reste donc là ce soir. Un hôtel à côté de la pompe à essence... pas trop champêtre le bivouac... qu'importe "ici, ce soir, j'ai trouvé un lit. Demain, je coucherai dehors", comme le dit la chanson.