Mercredi, 24 juin.

De Oto à Buisan. J17

D+, 900m. D-, 675m. 8h30. 23km


Oto, au petit matin.

Réveil matinal à 5h. Je boucle mon sac dans la pénombre du camping endormi et je me mets en route vers 6h. A partir de Sarvisé, le GR15 new style emprunte un chemin différent du guide. Il serpente en rive droite du barranco Xate, à flanc de montagne. Il suit grosso modo les courbes de niveau entre 1100 et 1200m.

 

 

De barranco en barranco, de cascade en fontaine, il n'en finit pas... ça monte, ça descend... Une dernière grimpette et je prends pied sur la route un peu avant Fanlo. Le GR retrouve alors son tracé d'origine.

 

 

Je traverse Fanlo sans rencontrer âme qui vive ni fontaine ! Je continue donc, un peu juste en eau, et descends sur Buisan. Encore un village abandonné mais en cours de restauration celui là. Et, miracle, une fontaine, un banc, une table et un magnifique coin plat pour la tente ! Journée bien remplie, je n'irai pas plus loin.

 

 

Le ciel se couvre depuis le début de la matinée mais il y a même un abri si ça venait à se gâter. J'ai une vue imprenable sur des bastions calcaires, plus loin vers l'est. La fin d'après midi s'annonce sereine, sur mon petit banc de pierre, à côté de mon robinet. C'est vrai que je dis "mon" car on a vite fait de s'approprier les endroits de bivouac. En un rien de temps, on a presque déjà de vieilles habitudes... là, la place du réchaud. Ici, le crochet qui va bien pour y accrocher mes vieilles chaussettes ! Une tasse de thé, quelques pages de liseuse et un circaète Jean le blanc qui vient tourner au-dessus des vaches dans le vallon, en contrebas. Le tout couronné par un arc en ciel !

Je viens de passer le cap des 300km.



 

Jeudi, 25 juin.

De Buisan à Bestué. J18

D+, 1310m. D-, 1210m. 8h45. 19km

 

Départ 7h20. Paysages aride de buis et de rocailles entrecoupés de quelques barrancos à secs. Je passe Nerin puis Sercué avec chaque fois une petite halte auprès des fontaines pour se débarbouiller un peu de la sueur de la veille et avaler de grosses goulées d'eau en prévision des moments un peu secs de la journée...

 

 

Le canyon d'Anisclo commence à se dessiner devant moi : des barrières rocheuses noires en contrejour barrent l'horizon. Puis, la bête est enfin là ! Je pose le sac juste au moment où le sentier s'apprête à plonger dans cette entaille hors du commun. Quelques rapaces tournoient autour des falaises, jouant avec les premiers courants ascendants de la journée. Les ombres du matin se retirent dans des endroits connus d'elles seules.

 


Le canyon d'Anisclo.

 

Je descends en larges lacets vers la passerelle. Le torrent gronde de cascades en cascades. L'eau est verte sous les premiers rayons du soleil. Je croise une petite fontaine un peu avant l'ermitage de san Urbez où arrivent les premiers touristes. Le parking se remplit. Mais le GR15 quitte la foule et va grimper de 1000m pour sortir du canyon. Pause casse croute vers 1100m. Finalement, les grosses montées, j'aime ça. Un petit rythme lent et régulier et ça passe bien... dans la mesure où le sentier est bien marqué et qu'il n'y a pas à réfléchir où poser son pied.

 


La Ramondie des Pyrénées (plante endémique du massif pyrénéen).

Collado Sestrales, petit replat herbeux avec une superbe vue jusque Fanlo, Buisan où j'ai passé la nuit. Le canyon est passé. Je n'ai pas assez d'eau pour poser le bivouac, faut donc que je continue. Descente puis remontée raide jusque Bestué où il y a même un bar pour un petit coca bien frais. Je fais le plein d'eau devant une famille espagnole qui prend le frais à l'ombre d'un arbre. Le jet du robinet est fort, je m'en mets plein les godasses et ça fait rire les enfants.

 


Bestué.

Je monte encore de 100m pour poser la tente sur une ancienne terrasse, juste en contrebas du sentier. L'endroit serait superbe s'il n' y avait pas une quantité de mouches infernales...

20h, le soleil cogne encore bien fort. J'attends qu'il se cache derrière les montagnes pour attaquer le repas, soupe et nouille... pour changer ! En face de moi, le paysage a de la gueule ! Des forêts grimpent à l'assaut de dentelles de calcaire. Des falaises sillonnent cet océan de verdure en d'esthétiques arabesques. Le soleil joue à cache cache avec les nuages.