Mercredi 3 aout.

15h45. 13° dans la tente.

Ça vente et ça souffle depuis ce matin. Petit déjeuner vers 11h pris à l’intérieur de la tente et pareil pour la coppa/mimolette vers 14h.

 

 

On dort, on bouquine, on regarde bouger la tente, on sort de temps en temps pour aller pisser. J’ai fini mon deuxième bouquin et je viens d’entamer « Le temps des cerises ».

 

 

On attend une accalmie pour rallier Kuumiut qui n’est plus qu’à quelques encablées.

20h. Rien de neuf, à part une soupe chinoise, quelques tagliatelles et l’éternel coppa/mimolette, le célèbre couple princier.

23h40. Je viens de finir un cycle de sommeil, deux chapitres du « Temps des cerises »…

Jeudi 4 aout.

9h30. Petit déjeuner dans la tente. Brouillard partout après une nuit très pluvieuse. On vient tout doucement de terminer notre réserve de vivres. Il est temps d’enfiler nos humides carapaces et de filer vers Kuumiut.

 

 

21h20. Au soleil, sur un promontoire qui domine Kuumiut et le fjord d’Ammasalik.

Après deux heures de marche soutenue, les premières maisons du village sont en vue, fantomatiques silhouettes émergeant du brouillard. Cap sur le KNI… la caverne d’Ali Baba promise !

 




Arrivée à Kuumiut.

 

22h20. Superbe soirée groenlandaise… je reprends le fil de la journée : Le KNI fut un peu décevant. A part un paquet de clops et quelques douceurs, pas grand-chose à se mettre sous le bec. Une tablette de chocolat et une boîte de citronnade enfilées sur les marches d’escaliers avec des vis-à-vis qui pochtronnent au gin et whisky.

Recherche d’un endroit où dresser la tente. On se hisse jusqu’à ce promontoire qui nous offre le fjord d’Ammasalik en enfilade avec, à l’horizon, sa lointaine ouverture sur l’océan où des montagnes de glace se laissent apercevoir dans le scintillement des jumelles. Soirée régalade pour les yeux ponctuée par des sérénades hurlantes des chiens et le ronronnement de la centrale.

 

 

Et ce fjord irisé, ces silhouettes de massifs et de glaciers émergeant de la brume bleutée, et ces derniers nuages qui s’effilochent au ras des cimes… et des mandarines au sirop, des petits gâteaux secs, secs, et des clops, et les bruits du village à nos pieds.

Et un petit tour au temps des cerises avec ce cher Boro…

 

 

 

Vendredi 5 aout.

21h45, dans la tente dressée aujourd’hui derrière le cimetière d’Ammasalik.

Ce matin, réveil par la fanfare canine… qui ne s’est pas arrêtée de la nuit… j’avais oublié ! Petit dèj rapide, séchage des fringues sous un soleil émergeant de lambeaux de brouillard et le ciel bleu qui gagne de minutes en minutes.

Pressés, on descend à Kuumiut. Le bateau, coque trouée, est parti se refaire une santé dans une ancienne base américaine même pas indiquée sur la carte (Ikatik). Attente… Attente… le bateau est prévu pour 11h. On rencontre Karl qui nous aide à prendre des billets pour le bateau… qui ne sera là que vers 15h finalement. Il nous invite à prendre le café chez lui et on en profite pour remettre les pendules à l’heure, on avait deux heures d’avance ! Pas étonnant que nous étions décalés par rapport aux bruits du village : hier, en fait, on s’est couché alors qu’il n’était que 19h et ce matin on s’est levé à 4h !

Attente, longue attente… entre le port et KNi et KNI et le port !

 


Attente devant le KNI de Kuumiut.

 

16h. On embarque enfin pour arriver à Ammasalik où tout est désert. On se pose près du cimetière.

Lundi 8 aout.

22h35 (heure islandaise), le cul dans un fauteuil d’une salle d’attente luxueuse de Flybus en attendant le car de 23h30 pour Keflavik. Casse croute au comptoir à côté de deux mignonnes islandaises (elles le sont toutes… ça sauve du temps gris). Au-dessus de nos têtes, un écran télé annonce les vols du jour. Des avions décollent. D’autres sont garés dans la nuit grise et humide. C’est calme et serein après les trois jours speed qu’on vient de vivre !

Samedi 6 aout.

Tour des boutiques d’Ammasalik ouvertes en attendant d’aller à l’office du tourisme afin d’y trouver un moyen de rallier Kulusuk pour prendre l’avion.

Petits feuilletés sublimes de la boulangerie. Au port, regroupement d’un groupe d’Inuits en partance, chiens, pleurs, kayak, bruits et couleurs.

Le petit jeune à l’office du tourisme se met en quatre pour nous trouver une place pour Kulusuk… faut revenir le voir vers 23h. Aïe, pas d’hélico possible ! Rencart au port vers 16h avec un pêcheur qui pourrait nous emmener. Il commence à flotter sérieux, et on se renseigne sur l’hôtel où il reste des places si le plan du pêcheur foire.

Démontage du camp sous la flotte, tout est trempé. Descente au port pour notre rencart… deux heures à poireauter sous la bruine… tout est mort, quelques pêcheurs rentrent sous la pluie et disparaissent… 18h, toujours personne. Il pleut toujours, ambiance des grands jours, tout est gris et détrempé.

Il ne viendra plus maintenant.

On remonte vers la ville, un peu dépité… Miracle groenlandais, j’accroche un client au grill où on avait fait une halte pour lui demander le chemin de l’hôtel. Il se propose de nous y accompagner et pourra même, demain, nous emmener à Kulusuk ! Il tente vainement de contacter un de ses copains pour nous héberger ce soir. Et nous voilà, dégoulinant et complètement imbibé, avec des sacs qui pèsent une tonne, dans un autre monde : le bar de l’hôtel. Ambiance tapis persans, lumières tamisées, bruits feutrés et cliquetis des couteaux et fourchettes bon chic bon genre ! On se retrouve dans une chambre qu’on transforme rapidement en souk, des guirlandes de fringues trempées et on finit la soirée en écrivant des cartes postales au bar, devant deux Tuborg.

 


linaigrette.


 

 

 

Dimanche 7 aout.

Encore une nuit du genre concert clébards jazz band, mais, ce matin, c’est le grand bleu dans le ciel.

On a rencard à 10h devant la boulangerie du port avec notre gaillard de la veille qui arrive, ponctuel, avec un petit air de pêcheur du dimanche…

Le tipérak souffle comme une misère. On tente de sortir de la baie et la houle, tout doucement, prend de l’ampleur. Grosse mer, couleur bleu vert foncé. Les vagues glissent sous la barquette et on retombe dans un gros bruit. Un mur d’eau se brise devant nous et une giclée d’eau salée nous cingle par la droite. Putain, ça secoue, ambiance crispée… et nous voilà contraint de faire demi-tour, face à une montagne de glace qui nous protège momentanément du vent. On ne passera pas aujourd’hui !

Alors on embraye sur une journée pêche au lancer dans la baie d’Ammasalik avec notre sailor et sa femme.. Deux enseignants bien sympas. On finira la journée chez eux et sans poisson…

Coup de fil à l’héliport : pas d’hélico pour demain… et on a notre avion à 15…

Coup de fil à l’hôtel ce coup ci… et, en passant par eux, on doit pouvoir chopper un hélico demain à 13h…

Après midi tranquille avec une visite à Catherine Emel, française installée ici depuis longtemps. Une vieille dame très gentille, un rien lasse de désillusions.

On remonte la tente pour notre dernière nuit groenlandaise.

 

Lundi 8 aout.

Réveil matinal, attaque de petites mouches noires, dernières emplettes et, à 10h30, nous voilà à l’héliport.

Attente, attente, à voir défiler des tas de groupe devant nous ! Pour, finalement, s’entendre dire qu’on ne pourra prendre l’hélico qu’à 16h, alors que notre avion est à 15h ! On nous propose tout de fois une seule place avec un groupe de japonais et c’est moi qui m'y colle, Bernard attendra le prochain vol et je devrai persuader l’avion d’Odin Air de patienter un peu… J’arrive à Kulusuk pour apprendre qu’aucun vol Odin Air n’est prévu aujourd’hui… Finalement, un pilote privé, missionné par Odin Air, est là, rien que pour nous deux… Je lui explique que Bernard est encore coincé à Ammasalik et qu’il faudra l’attendre un peu  !

Clop, café, clop, café, coup de fil de Bernard qui devient fou, toujours coincé à Ammasalik.

Et puis tout se termine bien, décollage à 16h pour une arrivée tardive en Islande.

23h30, on est enfin à Keflavik, pour une courte nuit sur un fauteuil… pas le droit de s’allonger par terre !

Mardi 9 aout.

15h Luxembourg…