Départ du camp 6 pour une journée de portage.

 

Samedi 30 juillet.

20h35, il ne fait plus que 10° dehors et je suis déjà dans mon sac, tente ouverte à guetter le temps qui passe.
Journée portage. Départ 11h45 et arrivée un peu en contrebas du col vers 17h30, à l’altitude 270m.

 


Camp 7

 

Dimanche 31 juillet.

17h10, chaud et douillet sous la tente, allongé les jambes lasses et la tête chaude, on dormirait bien, je pense, avec cette lassitude qui gagne. Au dehors, soleil mais un vent glacial.

Il faut dire que la journée a été totale… déjà hier, on l’a entendue se pointer sur des pas feutrés mais audibles qu’on s’est même levé pour regarder… rien ! sauf sans doute le vent qui commençait à se lever. Et il souffla toute la nuit qui fut plus courte que les autres. Lever 7h dans un petit matin glacial. Emmitouflé un max pour un petit déjeuner rapide. Départ 8h par une lente montée raide dans les barres et corniches herbeuses. Puis le névé annonciateur du glacier qu’on ne quittera plus de la journée.

 

 

Le « 1400 » bien assis a eu tout le temps de nous regarder monter vers lui. Slalom entre les crevasses, la glace vive et bleue, des petites barres rocheuses, une rimaye vibrante, un dernier couloir glacé et sortie sur le plateau sommital par du rocher.

 


Vue sur la vallée qu'on parcourera, 8 ans plus tard, en 2002.

 

Pendant toute la montée, de la mer glaçonnée au loin sur notre droite, des fjords bleu acier et, sur la gauche, au loin, l’inlandsis. Le sommet tabulaire est accueillant pour une petite pause à s’en mettre plein les yeux.

 


Au sommet du 1400.


Redescente rêveuse face au soleil et aux glaciers.

 

Retour… pâte qui lève, vent qui souffle…

20h50, 13° sous la tente. Dehors, ça caille un max. Dommage, car les nuages en formation en dessous de nous sont bien curieux à regarder évoluer. On se contente de bouquiner au chaud en digérant nos galettes assez mal cuites…


 


Descente vers le camp 8.

Lundi 1 er aout.

21h15. 12° dans la tente.

Camp 8, au niveau de la mer sur la presque île au débouché de la vallée de Tunup. Le camp baigne encore au soleil.
Demain, on reste là !

 

 

Mardi 2 aout.

10h50. 10° dans la tente, 8° dehors.

Gris brouillasseux mêlé de vent. Quelques gouttes de pluie pendant la nuit. L’endroit paradisiaque d’hier a un peu mine de déroute ce matin. Après que la faim nous ait fait sortir de la tente vers 8h45 pour le petit dèj, la tente nous voit rapidement rappliquer ! Juste le temps d’apercevoir un camp inuit à quelques centaines de mètres de là.

22h. 10° dans la tente.

Drôle de journée… Réveillé en pleine somnolence pluvieuse par la visite des deux familles inuit aperçues tout à l’heure. Ils viennent voir qui on est. Difficile dialogue, ils ne parlent pas anglais. Je donne un pain d’épice au tout petit, ils m’offrent une cigarette puis deux en réserve et se proposent de nous donner un poisson dans leur campement. On s’y rend avec eux sous une petite bruine. On comprend qu’il s’agit de deux frères avec femmes et enfants. Ils viennent de Sermiligaq. Le plus petit des gamins s’appelle Billy. Les autres, longs cheveux noirs au vent, courent la lande à ramasser des myrtilles. Une vieille pétoire à lunette est montée sur une espèce de trépied en bois. Ils nous offrent un thé sachet avec l’eau chaude sortie d’une thermos et nous font manger une tige d'angélique. Ils voulaient nous donner tout leur sac de poisson… mais on n’en prend qu’un. On échange encore quelques mots… le seul dont je me souvienne c’est « kouillana = merci ».

Retour au camp avec alternance de sieste et lecture sous la tente. Lavage de chaussettes. Le poisson finit dans la poêle avec quelques oignons et un pied de bolet, bon repas qu’on a pris, encapuchonnés dans nos ponchos à guetter le ciel qui se déchirait et s’épanchait autour et au-dessus de nous.

Le vent tombe mais le ciel reste bas et gris.