Samedi 3 aout. 17h30. Camp 3. Assis, dos calé contre un rocher, l'Isortoq à 5m devant moi, quelques moustiques, le soleil aussi mais un vent froid qui vient du sud... on vient de se boire un thé et une tranche de pain d'épice aux fruits confits, Bernard trafique l'altimètre... on est bien ! Longue journée... Redescente à vide au camp 2 pour vider la cache de vivres. Pendant la descente, on a pu entendre le bruit d'un moteur (avion ou hélico). C'est bizarre que je mentionne ici un bruit de moteur... ce n'est pas dans les Alpes ou ailleurs en Europe que ce bruit prendrait autant d'importance.
Séance photos aux cascades. Bernard se paye le luxe de sauver un oiseau de la noyade. La cache est intacte et on attaque la longue remontée vers le camp 3. On en profite pour dire adieu aux saules qui ont l'air de s'arrêter vers 400m d'altitude.
La vue sur l'amont de l'Isortoq nous est cachée. On ne voit qu'une immense cascade qui tombe d'un glacier suspendu. 20h. Le vent a tourné. Il vient de l'ouest mais il est toujours bien froid (7° dehors). On vient de faire un feu avec nos premières poubelles. On rentre sous la tente. L'Isortoq gronde toujours mais cela devient presque amical comme un fond sonore auquel on s'est habitué.
Dimanche 4 aout. 21h. Camp 4 établi à 650m. 13° sous la tente. Il pleut depuis 16h. Encore un camp dont on n'a pas encore vu grand chose. Le matin s'annonçait pourtant beau avec un vent d'ouest qui amenait des nuages d'altitude. Retour des mouches et moustiques. Remontée de l'Isortoq en rive gauche. Elle s'étale de plus en plus grassement dans des plaines de plus en plus vastes. On a aperçu quelques mouflons, toujours sur l'autre rive. Petite pause sous un rocher, traversée de la moraine et de deux torrents. La pluie nous a chopé alors qu'on cherchait un abri sous roche pour installer le camp. Montage de la tente sous une averse qu'on a vu arriver de loin. Sous les nuages, les glaciers environnants ont l'air de dégager leur propre lumière.
Thé, sieste et repas du soir sous la tente. Il pleut toujours.
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Lundi 5 aout. 11h45. Bloqués dans la tente : pluie et brouillard. On a fait une sortie rapide vers 10h pour le petit déjeuner. Actuellement, la pluie a cessé mais le brouillard règne en maître. Il est dense et ses mille gouttelettes imbibent toutes nos affaires. La journée s'annonce longue, on ne peut rien faire et on ne voit rien... une seule solution, somnoler tranquillement dans la tente. 17h20. 12° dans la tente. Rien de changé, le brouillard va et vient. Je viens de me réveiller d'une petite sieste. L'horizon est toujours bien bouché. Ambiance humide et grise.
20h30. 9° sous la tente. Le repas du soir vient de se terminer dehors avec le spectacle de langues de brouillard qui s'étirent, s'écharpent et enlacent la vallée de l'Isortoq. Un nouveau gros nuage montre le bout de son nez au détour de la vallée, vers l'aval. A peine sortis de la tente, on l'entend clapoter sur la toile. Repli stratégique... Bernard avec Boro, moi avec la tendre sultane des mille et une nuits. Dieu, qu'on est loin de tout !
Mardi 6 aout. 20h45. 7° à l'extérieur. Altitude 700m. Départ vers 10h30 pour redescendre au camp 3 chercher le reste des vivres. Le plafond est bas mais ça a l'air de tenir le coup, alors on se lance. RAS jusqu'au camp 3. Retour sous le crachin. On est talonné par de gros machins gris qui remontent du bas de la vallée. La traversée de deux torrents qui descendent des glaciers fut un peu délicate. Je choisis la méthode dans l'eau jusqu'aux genoux. Mais ça vous file un bon coup de froid ! Repas au feu de bois sous un jeu de lumière et de nuages. Au loin, vers l'amont, la calotte glacière nous est apparue, un moment, baignée de lumière et de soleil. C'est tout pour ce soir... mes chaussures sont bien trempées.
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