page 8

Jeudi 15 aout.

18h10. 16° à l'extérieur. Altitude 1050m.

 

 

On quitte le camp 4 vers 10h, après un petit repli sous la tente à cause d'une averse qui, heureusement, n'a pas duré. Une longue et rude montée nous permet de quitter la vallée de l'Isortoq. On est chargé à bloc et le changement de vallée ne se fait pas sans mal. Montée, descente dans d'infâmes cailloux pour atteindre le col donnant accès à la vallée d'Henrik Lundip. Au col, deux traces d'anciens campements avec de vieilles boîtes de conserve rouillées. On passe à côté d'un filon de roches vertes vitrifiées, j'en prends un échantillon.

 


On quitte la vallée de l'Isortoq.

 

Abrité du vent, je profite d'un léger soleil voilé qui chauffe gentiment. Il fait bon. Les jambes sont lourdes, la pâte à pain lève, Bernard bouquine... il nous reste 8 jours de vivres.

21h10, sous la tente depuis un petit bout de temps. De drôles de nuages dehors...

 


La tente et Bernard visibles au col...

 

Vendredi 16 aout.

20h30. 10° dans la tente.

17ème jour à vivre les Robinson... je crois que je n'aurai aucun mal à continuer ainsi jusqu'à la fin de mes jours. Rien n'a d'importance que mes maigres affaires, ma soif et ma faim.

 

 

On quitte le camp vers 9h. Le ciel était bleu ce matin mais maintenant le brouillard nous enveloppe. Allez savoir ce qui se passe avec la météo par ici ! On voulait bouger un peu et voir les crêtes qui délimitent la vallée Henrik Lundip. On prend de la hauteur avec un cheminement sur des blocs puis névés et glaciers, le tout dans une purée de pois bien dense. Direction plein est, marche à la boussole et construction de petits cairns pour nous faciliter le retour. On remonte un glacier à petits pas, puis, brusquement, vers 1500m, déchirement du ciel et on jaillit hors de la poisse au milieu d'un bleu azur, une mer de nuages à nos pieds.

 

 

Du soleil plein la gueule, on pénètre, euphoriques, dans un cirque glaciaire barré devant nous par une muraille d'aiguilles, de gendarmes, de clochetons, de croupes de blocs rouges.

 

 

On vise une brèche sur la gauche du point culminant, passage de rimaye, cheminée ébouleuse et on prend pied, de l'autre côté, sur un belvédère accroché en pleine paroi. Je choisis d'y rester alors que Bernard file un peu plus loin sur une arête qui ne me tentait guère. 31° au soleil ! de quoi faire ramollir la mimolette !

On continue vers un col qui limite le cirque côté est et qui nous offre une vue plongeante sur le fjord de Sermilik.

 

 

Un vautour de pierre, tout irisé de soleil, joue le guetteur sur un horizon de mer de nuages d'où émergent une tour lointaine et baroque. Gargouille improbable, figée pour les siècles, il trône au-dessus d'un à-pic venteux parmi les jeux de lumière, de brumes et de nuages.

 

 

Retour vers le camp en suivant les cairns laissés à l'aller. On rejoint la tente vers 17h. Soirée rose... "l'âge d'or" n'est pas si loin après des journées telles que celle là !

 

 

Samedi 17 aout.

17h30. 14° à l'extérieur. Altitude 250m.

Le nouveau camp est installé, le thé est bu. Changé avec des habits secs, je suis devant un bon feu qui chauffe et éloigne mouches et moustiques.

810 m de dénivelé aujourd'hui, raide et chiant parmi caillasses et névés pour arriver enfin dans cette vallée paradisiaque, d'Henrik Lundip. Pause de midi dans cette vallée en auge. Myrtilles à gogo ! La Henrik glougloute sur des dalles.

 

 

Mais on va vite déchanter en retrouvant ces vieilles connaissances, les saules ! Ces sales bêtes sont arrivés sournoisement en fin de journée quand le sac commençait à se rappeler à notre bon souvenir.

A l'heure qu'il est, avec ce feu qui crépite et les nuages qui montent, on n'a envie de plus rien si ce n'est d'une petite clope et d'une galette au sésame.

 

 

21h20. 12° sous la tente, Superbe soirée à à manger au coin du feu sous un ciel un peu trop bas. Brochettes de mimolette et de nougat...

En projet pour demain, le 1400 en rive droite... si la météo le permet.