Dimanche 18 aout. 18h. 13° à l'extérieur. Temps gris et uniforme pendant toute la journée. Mais les nuages sont bien haut. Le réveil fut un peu difficile, il a même fallu que je me mette la tête dans l'eau... Et je me suis traîné toute la journée ! 4 heures de montée et on arrive au sommet à 14h30. C'est un vaste plateau surélevé vers le sud ouest. Je tire les derniers mètres un peu sur les genoux et je n'arrive même pas à apprécier à sa juste valeur le panorama. On surplombe de 1200m la vallée qui vient se jeter dans un fjord parsemé de petits nuages gris et étoilé d'icebergs bleutés. De l'autre côté, le fjord de Sioralik et son cimetière d'icebergs, on y était, il y a 20 jours. Vers le nord, le 2200 pointe son nez et, plus à l'est, l'épaulement où on avait posé le camp6.
Maintenant, de retour à la tente, la pâte à pain lève, le pudding prend le frais dans le ruisseau, les mouches sont couchées et je tire sur une vieille clope, des carillons plein la tête.
Lundi 19 aout. 20h30. 11° sous la tente. Altitude 0m. Camp 8. Lever 8h30 et départ 10h. 1h30 pour ranger le camp, on devient bon ! La Henrik fait des méandres et nous de même, entre les bouquets de saules. Plus on progresse, mieux ça va. La mer nous apparait soudain en ligne de mire. Mais il faudra encore une paire d'heures avant d'y être. Un aigle pêcheur nous survole, crie dans le ciel et de nombreuses plumes sont au sol... son nid ne doit pas être loin. On rencontre de nombreuses traces de renard qui remontent le long des berges, nous on descend.
On installe le camp sur les bords du fjord. La carte signale des ruines viking. Rien de spectaculaire si ce n'est quelques vagues traces de murets pouvant délimiter des habitations ou des enclos. Tard dans la soirée, on entend le bruit d'un bateau qui accoste mais on ne verra personne.
Mardi 20 aout. 20h10. 11° sous la tente. Altitude 0m. Camp 9. Il fait très frais dehors, les icebergs craquent et se fracassent. La pluie nous prend au réveil. Qu'ils sont frileux ces petits matins avec les nuages au ras des pâquerettes, la bruine et, pourtant, il faut s'activer et faire son sac... pas de pluie violente mais ça mouille et ça glace les doigts. Plage, plage, plage... c'est lassant et la marche n'est pas aisée. De pointes en pointes, le terrain se dégrade et devient franchement exécrable, monter, descendre sur des blocs et des paquets de lichens noirs et glissants. Les cailloux roulent, la mousse cache des trous, monter, descendre encore...
6h30 de marche avant de planter la tente dans un endroit qui ne demande qu'à être superbe avec vue sur des icebergs gros comme des montagnes... mais il fait vraiment très froid ! Et ce pauvre phoque, échoué sur la rive, à qui il manquait les yeux dévorés par des mouettes. Et ces débarcadères signalés de loin par des poteaux dressés à la verticale. Et ces déchets de filets, plastic, bidons, jouets pour gosses, emballages divers portés par le ressac et échoués au hasard des marées. Rançon de la civilisation mais on s'extasierait presque devant eux... allez comprendre ! Et ces plages d'algues où le pied s'aventure prudemment. Et ces blocs de glace, durs et translucides comme du verre, échoués eux aussi. Et ces nuages gris, effilochés, mouvants et bas... Et ces averses au loin sur le fjord dont on reçoit quelques gouttes au hasard des coups de vent. Et ces deux thés, cette bouffe réconfortante...
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Mercredi 21 aout. 20h10. 16° sous la tente. Altitude 0m. Camp 10. 22ème jour hors du monde ! Et pourtant, on arrive à ses portes... Ammassivik est peut-être à encore 1 bonne heure de marche, ce sera pour demain, on recule le plus qu'on peut ce moment fatidique. On a vu passer un cargo et quelques bateaux de pêcheurs.
Beau départ, ce matin, le soleil dissipait les brumes, les icebergs dorés sur tranche se miraient dans les eaux du fjord, un aigle a tournoyé longtemps au-dessus de nous. Rude grimpette pour atteindre le col herbeux qui séparait les deux fjords. ça s'est un peu gâté par la suite... 6 heures de merdouille à longer en surplomb le fjord en se demandant ce qu'on fait là, à faire attention à chaque pas, à terminer ma réserve de tabac... On finit par atteindre la rivière. Nous n'irons pas plus loin aujourd'hui. Thé, toilette complète, myrtilles...
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