"The Andalucian coast to coast walk" (page 11) Samedi 20 avril (jour 19) Très froid hier soir et ce matin aussi. On profite d'une table en pierre pour se faire un deuxième café, histoire de se réchauffer le bout des doigts. Descente sur El Pelayo. On rate le petit sentier qui quitte la piste pour rejoindre le village. Faut remonter ! C'est pourtant un beau sentier, confidentiel certes, qui serpente au milieu des fougères. Arrêt bocadillo et pour le plein d'eau à l'hôtel Las Piedras, deux clémentines et un paquet de pâtes à l'épicerie bazar. Une piste et un sentier nous descendent jusqu'au bord de la mer ! Cala Parra, superbe petite crique déserte où on touche la mer pour la première fois. C'est encore la Méditerranée, l'Atlantique c'est pour demain, après Tarifa. Les côtes marocaines semblent à portée de main et le Jebel Musa trône en face de nous.
Le rocher de Gibraltar est l'une des colonnes d'Hercule que les grecs et les romains pensaient être la limite du monde. Pas de vie au-delà ! Vers l'an 1150, Idrisi, savant et prince musulman, rédigea une géographie du monde. Pour lui aussi, "personne ne sait ce qui existe au-delà de l'océan Ténébreux à cause des difficultés qu'opposent à la navigation la profondeur des ténèbres, la hauteur des vagues, la multiplicité des animaux et la violence des vents. Les vagues de cet océan déferlent tel un mur haut comme une montagne que rien ne peut fendre".
La journée se continue par un beau sentier côtier et le soleil nous accompagnera toute la journée. Les strates de calcaire, relevées à la verticale, viennent se perdre dans la mer et dessinent un curieux relief. Dernier bivouac ! On pose la tente, un peu à l'abri du vent, et le ciel noircit au-dessus de nos têtes. La côte marocaine est encore au soleil et le Jebel Musa regarde passer les lourds tankers.
Dimanche 21 avril. (jour 20)
Belle lune, cette nuit ! Et, ce matin, la tente n'est même pas mouillée. Une bonne heure de marche sur le sentier côtier pour atteindre Tarifa qu'on traversera un peu vite. La ville est déserte et bien jolie. On y reviendra dans quelques jours pour y passer trois jours avant de prendre un bus pour Malaga. On aura le temps de l'apprécier et de découvrir toutes les ruelles de la vieille ville, visiter les églises et le château de Sancho "le brave", goûter aux tapas et aux pâtisseries. Je trouverai la discrète sculpture dédiée aux randonneurs et aux trois sentiers européens qui débutent à Tarifa, le point le plus au sud du continent européen (E4, E9 et E12).
On s'attaque à la longue plage de Tarifa où il vaut mieux attendre la marée basse pour marcher sur le sable dur. Il faudra tout de même se déchausser pour franchir un petit Rio qui vient se jeter dans la mer.
La côte s'incurve et on continue de la suivre, de criques en criques, de plages en plages. La marée est haute maintenant ce qui nous oblige quelquefois à prendre un sentier un peu en hauteur. Mais on n'échappera pas à un bain de pied à cause d'une vague traîtresse.
Le ciel se couvre et quelques gouttes tombent, juste pour nous faire peur, rien de méchant. Un troupeau de vaches nous accueille sur la plage de Bolonia. On se pose un instant pour apprécier le moment. Nous voilà au terme de notre parcours et on termine l'anisette pour immortaliser cet instant.
Pas de camping à Bolonia... On se trouve donc un appart hôtel, bien tranquille dans ce petit village (300 habitants) du bout du monde, loin de la foule. Peu de monde à cette époque de l'année. De nombreux camping cars sont stationnés sur des terrains vagues, au bord de la mer. Des babas, jeunes et vieux, et des surfeurs sont les rares occupants de l'endroit. Des vaches se baladent sur la plage, des chevaux en liberté arpentent les rues désertes du village qui se résume à quelques maisons et des restaurants au bord de la plage. Drôle d'endroit en cette fin du mois d'avril. C'est sans doute bien différent en plein été ! On ne pourra même pas visiter les ruines romaines de Baelo Claudio, fermées les dimanches et lundis. Le lendemain, on rejoindra Tarifa en taxi (pas de bus ni d'autres moyens de quitter Bolonia). Bolonia, terme de nos 420 kilomètres parcourus sous tous les temps, à sillonner des pistes et des chemins confidentiels (mais où l'auteur a-t-il été les trouver ?). Sans le GPS, on y serait peut-être encore... Une Andalousie à mille lieux des stations balnéaires, avec de superbes villages et des sierras qui donnent envie d'y retourner. On a rencontré seulement 3 randonneurs en 20 jours !
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