"The Andalucian coast to coast walk" (page 8)
Dimanche 14 avril (jour 13) On quitte l'hôtel vers 8h40. Ronda est bien déserte ce matin. Quelques anciens qui déambulent à la fraîche, pratiquement personne sur le Puente Nuevo et le jardin est désert.
Le chemin qui devait nous faire descendre de la ville est fermé pour cause travaux. On prend donc le chemin des moulins qui nous mène au pied de l'imposante falaise où est construit Ronda.
Piste, macadam, piste et bonne grimpette pour atteindre la Ermita de la Escarihuela où un groupe de vététiste fait une pause. Descente rapide sur le magnifique village de Montejaque niché dans un repli du massif calcaire. Perle blanche au milieu d'un désert minéral gris et déchiqueté.
C'est le jour de la bénédiction des rameaux aujourd'hui ! Les anciennes, rameaux d'olivier à la main, attendent la sortie de l'église. Quelques fillettes en aubes blanches, coiffées d'un étrange foulard qui leur donnent des airs d'égyptiennes, vont et viennent au milieu des adultes.
Le karst nous choppe dès la sortie du village lorsqu'on pénètre dans un dédale de sierras (Montalete, Juan Diego, del Palo). Paysage hérissé de pointes ruiniformes et de blocs empilés les uns sur les autres. Quelquefois, des dolines et des poljés, taches vertes sur le gris du calcaire, offrent une herbe tendre et appétissantes aux vaches, moutons, chèvres et chevaux.
On a fait le pari de quitter Montejaque sans eau (ou presque) se fiant au guide qui signale une fontaine, un peu avant le refuge de Libar. On croise un couple de jeunes qui nous disent ne pas avoir vu d'eau. Plus loin, un berger motorisé nous baragouine quelque chose en espagnol qu'on ne comprend pas mais il nous donne une bouteille de deux litres d'eau.
Moi, j'y crois à cette damnée fontaine et j'y poserai bien le camp. On la trouvera finalement à droite du chemin et non à gauche comme dit dans le guide... Une fois encore notre auteur préféré semble avoir confondu "right and left". Je ne me pose pas de questions et y abandonne mon sac. Christian s'obstine vainement à vouloir continuer la recherche de l'eau... en vain. De plus, je trouve un superbe endroit avec une table et des bancs, à l'ombre d'un chêne centenaire. Que demander de plus ! De l'eau à gogo, une prairie grasse pour une nuit confortable. Un thé et on finit l'après midi à vaquer à ce que bon nous semble. Le versant nord-ouest est occupé par une grosse station de pivoines sauvages.
Lundi 15 avril. (jour 14) Superbe nuit et départ un peu plus tardif que d'habitude. C'est la première nuit où la douceur de la nuit a transformé la sortie pipi de la nuit en plaisir !
Le poljé est encore désert. Personne à l'horizon. Seuls quelques moutons, vaches et chevaux broutent l'herbe extraordinairement verte, oasis au milieu d'un océan minéral. L'air frais et clair résonne de quelques aboiements lointains. Des barrières à ouvrir et à refermer rythment notre marche matinale, celle où tout va bien, celle où les pas sont vaillants et les godasses y vont franchement. Le bruit des bâtons sur le sol pour unique chanson et des rêveries plein la tête.
On quitte la piste pour un beau sentier confidentiel qui monte vers un col sans nom. Descente confortable sur une ancienne voie dallée qui, de lacets en lacets, nous mène à Cortes de la Frontera. Arrêt habituel à l'épicerie, au bar pour les bocadillos et le plein d'eau. Pause casse croûte à la curieuse Casa de la Piedra.
Et c'est reparti pour un long trajet sur une piste jusqu'à la Casa del Conde où on pose le camp. Ferme abandonnée avec une belle aire de battage. Travail routinier de fin de journée, thé, montage de la tente, et une fois le sac vidé, il est rangé dans son sac poubelle pour le mettre à l'abri de la rosée ou de la pluie nocturne. Adossé au mur de la ferme, j'écris et bouquine à l'ombre d'un figuier à l'écorce bien tourmentée. Un aigle tourne dans le ciel et la lune se lève.
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