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"The Andalucian coast to coast walk"

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Mardi 16 avril. (jour 15)

Grosse caillante ce matin et la tente est couverte de rosée. Faudra penser à la faire sécher en cours de journée. On quitte la Casa, un dernier regard en passant sur l'aire de battage et on entame la descente vers le fond du canyon pour franchir le Rio à travers un tunnel. On y rencontre un couple de français qui vont de Gibraltar à Séville sur le chemin de Compostelle.

 


Aire de battage de la Casa del Conde.

 

Dans la descente sur El Colmenar, j'ai la sensation d'un changement de végétation, comme si on avait passé une frontière en haut du col. Mais peut-être ai-je rêvé...

Epicerie, bar, faire le plein d'eau et une variante aujourd'hui : on voit les premières images de l'incendie de Notre Dame de Paris. Tous les clients sont scotchés devant la télé et nous aussi.

Encore un village qu'on quitte par des rues bien pentues. Il ne fait pas bon être vieux et habiter un village andalou... On traverse l'arboretum où poussent plus de 30 espèces d'eucalyptus. Une piste nous mène ensuite vers une forêt de chênes lièges tous minutieusement écorcés. Ils ont l'air un peu bête ces arbres à moitié nus et ça confère à la forêt une drôle d'ambiance.

 

 

On finit la journée par une belle grimpette où le GPS aidé de quelques cairns nous conduit à une ruine où on dresse le camp, juste sous le sommet du col. Ca souffle encore bien fort mais le vent accélère le séchage de la tente bien imbibée de la rosée de la nuit dernière.

Il parait que c'est notre dernier jour de soleil...

 


Camp 15.

 

Mercredi 17 avril. (jour 16)

 

 

Gros vent toute la nuit. Et ce matin, ça souffle encore bien et il ne fait vraiment pas chaud. De gros nuages noirs barrent l'horizon à l'ouest. Encore un matin où on ne traînera pas autour du café.

Un petit sentier descend un vallon au milieu des chênes lièges qui nous abritent du vent. Juste au bord du ruisseau, une étrange niche où une vierge à l'enfant observe le passant. J'ai toujours eu une attirance pour ces témoins d'une croyance populaire attachée à une vie en montagne dont il ne reste plus que des ruines. Les paysans d'autrefois ont disparu, ceux qui ont ouvert ces sentiers muletiers aussi. Il ne reste plus grand chose de ces façonneurs du paysage et la nature en efface les traces. Seules subsistent souvent ces vestiges de leur croyance. Plus personne ne se soucie des ruines, des murets, des chemins mais on continue jalousement à entretenir ces discrets jalons de leur mémoire.

 

 

Longue descente sur Jimena de la Frontera. L'horizon bouché nous empêche voir bien loin. Le vent souffle fort sur les crêtes. L'atmosphère est humide mais il ne pleut pas. On aperçoit le château qui domine Jimena. Découverte du village sous un ciel plombé et quelques gouttes nous cueillent à la sortie du bar et de l'épicerie.

 


Jimena de la Frontera.

 

Le plein d'eau est fait et on peut s'attaquer à la grande plaine fertile de Guadiaro avec ses pistes agricoles interminables. Quelques tracteurs, des moutons, des chiens, des cigognes pour briser la monotonie de la marche. On aura du mal à trouver un endroit où poser la tente. Des réserves de chasse interdisant l'accès aux forêts, on s'arrêtera au bord du chemin entre deux clôtures derrière lesquelles on aperçoit quelques chevreuils.

 

 

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