Le sentier européen E5

de l'Atlantique à l'Adriatique


Etape 23

Samedi 4 juillet

Du Monte Cornetto à Giazza

 

Dpt 7h20 fin 16h20 total 9h

Asc 875m Dsc 1335m

 Réveillé à 6h par le paysan qui gueule après ses vaches pour les rassembler. Il me semblait bien, cette nuit, avoir entendu des cloches… ça ne dort donc jamais, ces bêtes là !

Ca caille un peu ce matin et y a pas mal de rosée. Ciel bleu, un peu voilé. Le vent n’a toujours pas changé de direction, je sais ce que ça veut dire...

Arrivée très rapide au Refuge Campogrosso. Ca s’active pas mal sur le parking : des mousquetons, des cordes, des casques, des dégaines. C’est pas les parois qui manquent, dans le secteur.

Petite halte avec café et gâteau aux pommes.

J’attaque la montée vers la Bochetta dei Fondi, talonné par un groupe que je vais distancer petit à petit. Oui, je sais, ça fait plaisir !!

 


Cadre sauvage et grandiose et vue sur la cuvette où j’ai passé la nuit.


La montée à la Bochette dei Fondi. Le Monte Cornetto en second plan

 

Je dépasse un vieux solitaire comme moi en train de casser la croute : y devait bien connaître le chemin et prendre des forces avant la suite qui va être rude : pierriers, marches, névés…

J'arrive en haut bien dégoulinant, je tombe le tshirt et je grille une petite clope en discutant avec un petit groupe qui est là.

Le solitaire arrive peu après. Il a lui aussi dépassé le groupe que je ne verrai jamais arriver.

On sympathise avec l’italien qui me file à boire. Il me parle des Cimbre, ancienne peuplade du coin si j’ai bien compris. Il y a une fête à Erbezzo aujourd’hui et demain. Je pense y être demain, je verrai bien.

On part ensemble vers col qui mène à un refuge. On se quitte au prochain croisement. Il me donne des pates de fruit, du café en berlingo, veut me filer des panini, des bananes… je lui dit qu’il est le St Bernardo des montagnes ! On s’échange nos adresses mail, une dernière poignée de mains et je descends vers le refuge Scalorbi où je prends une bière, bien sûr ! Salute à toi, Giuseppe Vicentin si un jour tu tombes sur ces quelques lignes !

Longue descente vers Giazza pas désagréable jusqu’à ce que je rejoigne le macadam… Je me suis arrêté pour pique niquer en cours de route.

Je tente le stop pour m'éviter la longue tirée de macadam. Une voiture s'arrête assez vite, un jeune italien me laisse devant le premier bistro du village juste au moment où une bonne averse me tombe dessus : nouvelle bière servie par une demoiselle qui parle français… pas si fréquent.

Giazza : j’ai pas tout compris mais le E5 a droit à un affichage particulier avec plein d’explication en italien. Je prends une photo, bien sûr.

 

 

Je récidive la tactique des jours précédents et commence la montée pour m’arrêter à peu près 300m plus haut, en dénivelé bien sûr, ce qui représente quand même 1 heure de marche.

Je plante la tente dans un endroit un peu scabreux : y aura pas la place pour le sac dans la tente ce soir. Il dormira dehors dans son sac poubelle.

La tente est encore bien trempée de la rosée de la nuit précédente et une nouvelle averse n’arrange pas son état. Mais le cheval sent l’écurie toute proche : Vérone dans trois jours si tout va bien.

18h47, je vais me faire à manger.

20h, je rentre dans la tente. Tout est humide. Berck Berck. Le vent se lève mais la tente est bien orientée pour faire face.

Pendant que je mangeais, une famille est passée sur le chemin : ça doit leur faire une drôle d’impression de voir un mec tout seul avec sa tente en plein bois.


Etape 24

Dimanche 5 juillet

De Giazza à Erbezzo

 

Dpt 6h45 fin 17h15 total 10h30

Asc 955m Dsc 835m

 Lever 5h30. Hier soir, festival d’éclairs et de tonnerre : ça grondait et ça pétait. Le ciel était illuminé, par moment, en permanence. C'était étrange et je n'ai pas eu l'impression qu'il soit tombé de la pluie. Sur mon petit promontoire, je n’ai eu droit qu’à quelques gouttes seulement.

Ce matin, la tente est presque sèche et il fait déjà lourd à 6h du matin. Le peu de ciel que je vois entre les arbres est déjà un peu couvert.

Plus de café, plus d’eau et un tout petit bout de pain pour midi… Il me reste un repas du soir, ça commence à être juste !

Alors que je range mes affaires, un joggeur passe à côté de moi. « dérangez pas » c’est ce que j’ai cru comprendre. Encore un qui a du être surpris de me voir là à 6h du matin.

Pas trop la forme ce matin et la montée matinale n’en finit pas.

Première erreur de la journée et une moralité : « Ne jamais suivre les conseils d’un italien qui n’est pas sûr de lui ! ». Croyant bien faire, il t’envoie n’importe où, même à travers les pâtures comme cette serveuse de bar à qui je demandais le chemin. Foncièrement, elle n’avait pas tout à fait tort mais faire du hors piste pour quelqu’un qui n’est pas du coin… pas top ! En fait, le trajet indiqué sur la carte a été modifié et ils te font descendre maintenant en suivant un petit bout de la route. Je pouvais pas savoir !

 


Lys Martagon

 

Traversée d’un vallon et des fermes typiques avec leur toit en grosses dalles de pierres plates : ces dalles sont mises côte à côte et une dalle plus étroite assure l’étanchéité au niveau de la jonction. Ce sont ces grosses dalles de pierres rouge (marbre rouge de Vérone) avec souvent des inclusions d’ammonites comme celles que l’on voit sur les gradins du théâtre de Vérone.

Deuxième plantage : peut-être de ma faute.Je loupe une bifurcation du sentier à l’endroit où je croise un groupe qui était arrêté. Plus loin, un rital m’envoie, bien sûr, encore une fois n’importe où. Grâce à la carte, je descends droit dans une pâture bien raide… bonjour les murets et les barbelés…

Des griottes bien sucrées, un orage qui arrive, des gouttes qui tombent, une vieille ferme, la routine, quoi !

 


Ces pierres rouges me rappellent le théâtre de Vérone...

 

Arrivée à Croce : je ne trouve plus le chemin. Je demande à des gens bien sympas en train de manger sur leur terrasse. Ils me remplissent la gourde et m’envoie encore une fois sur une mauvaise piste…

Arrêt auberge : 1 bière et une gelati.

Quatrième plantage près d’un élevage de volaille… le chemin est de moins en moins bien marqué, y a des routes partout… on est plus en montagne. C’est une étape un peu intermédiaire. Hier encore, c’était les hauteurs, aujourd’hui ça ressemble un peu au Jura de chez nous.

 

 

Putain de dernière montée pour arriver à Erbezzo : bourgade estivale avec pleins de gens qui se promènent !

Il est tard déjà (17h passé) et je ne sais pas trop quoi faire. Je ne me sens pas trop capable de continuer et ça va devenir dur de trouver un endroit isolé pour monter la tente. J’ai l’impression qu’on est dans le secteur des résidences secondaires des habitants de Vérone.

Pas de bus pour Vérone aujourd’hui de toutes façons. J’abandonne mon sac contre un banc et je cherche vainement la suite du chemin : les rares traces du balisage ont l’air contradictoires… Plein le cul ! Je remonte au village et je vais à l’adresse indiquée sur la carte pour l’hébergement.

45 euros, la demi pension… et je file illico sous la douche !!!

Petite ballade dans le village, les "crocs" au pied et tout de frais vêtu…

J’ai ben l’impression qu’Erbezzo sera la fin de mon périple. Un bus part pour Vérone vers midi et je m’y vois bien…

 


Salut, le piaf !!