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12 octobre.

Dénivelé, +480m et - 625m. Temps, 5h30.

Le soleil et le ciel bleu nous surprennent dès qu'on émerge de notre cabane. C'est tout de suite mieux... par contre, Théo ne va pas très fort. Il a passé une très mauvaise nuit et a du mal à trouver sa respiration. Couvert de 3 duvets, il grelotte tant qu'il n'arrive même pas à tenir sa tasse de café. Petit à petit son état s'améliore mais il semble hors de question de continuer sur l'itinéraire prévu qui était de rejoindre Annsfioune via le Tizi Ououraïne. Puis le lac d'Ifni avant de monter vers le Toubkal. La seule possibilité qu'il nous reste est de descendre la vallée du Tinnzer afin de sortir du massif le plus vite possible. Un chemin y est tracé sur la carte.

 

 

On se prépare donc tout doucement. Un berger vient nous rendre visite et on lui offre un café. Après qu'il nous ait dit qu'il y avait "Walou, mulet !" dans le secteur, on soulage un peu le poids du sac de Théo. Une dernière soufflette de Ventoline, dans le style ça peut pas faire de mal, et on entame la descente.

Le temps est éclatant et les crêtes environnantes sont couvertes de neige fraîche ainsi que le sommet du Toubkal qu'on voit à l'horizon. La vallée est superbe. Chaque rocher encore humide des pluies de la nuit, étincelle sous le soleil.

 

 

Le cheminement est agréable, à flanc de vallée. Le sentier rejoint la rivière et c'est l'occase d'une petite halte pour se débarbouiller, faire le point du moral. L'allure est lente et semble convenir à Théo. Plus loin, un balisage sous forme de point rouge, nous invite à quitter le fond de la vallée mais on l'ignore... le sentier sur la carte reste au fond, on restera donc au fond... (ce fut une erreur comme on le verra plus loin).

 

 

La vallée se resserre et les premières gorges apparaissent avec de nombreuses traversées d'une rive à l'autre. Le chemin est discret mais de vagues gués aménagés sont visibles ainsi que des petits cairns de temps en temps.

 

 

Ca se corse à la deuxième gorge, belle entaille étroite entièrement occupée par la rivière. Faut se mouiller si on veut continuer par là, sans trop savoir ce qu'il y a derrière.

 

 

On préfère donc rebrousser chemin jusqu'au dernier village d'estive croisé il a peu de temps, Azib Tiznoute. Pendant que Laurent et Théo nous y attendent, avec Philippe, on monte au-dessus du village où, normalement, vers 1600m, on doit retrouver le chemin balisé qu'on avait négligé tout à l'heure.

 

 

On finit par le trouver vers 1650m... ce sera donc notre échappatoire pour demain, ne sachant pas si le chemin qui reste au fond des gorges est praticable, bien qu'indiqué sur la carte. Le chemin "des poissons rouges" comme on va le nommer doit nous amener à Setti Fatma par la vallée de l'Oufra. Pas le choix, faut qu'on avance !

Dans le village désert, on trouve un point d'eau et une étable qui sera parfaite pour y dormir.

Il est 16h... Théo tente une sieste, Laurent est parti se laver. Le soleil est bon, la montagne résonne de temps en temps de cris de bergers. Le temps passe comme d'habitude sans se préoccuper de nous et, nous, on le regarde passer. On profite des derniers rayons du soleil tout en regardant un berger qui passe avec ses bêtes, sur l'autre versant de la vallée.

 

 

L'abri qui nous sert de cuisine est bien accueillant malgré ses murs noircis de fumée et ses colonies de mouches. Un vieux four en terre nous sert de support au réchaud... contraste et anachronisme, la photo est plaisante.

 

 

Et c'est déjà parti pour une soupe suivie d'une bonne portion de purée améliorée par deux échalotes trouvées sur place. Chacun mange en silence, les yeux rivés sur l'amont de la vallée et le Toubkal, au loin, encore inondé de soleil. Chez nous, l'ombre gagne et la fraicheur tombe. On a dressé les tentes à l'intérieur de l'abri, peut-être à cause des mouches ou du froid... allez savoir ! Quelquefois le cocon de la tente est bien attirant et la nuit sera bonne. Théo a l'air d'aller mieux même s'il doit encore se forcer pour manger. La Ventoline de Laurent semble lui faire du bien. Ce qu'il veut, c'est qu'on perde de l'altitude. Il est persuadé que c'est elle, la cause de son mal.