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Le sentier européen E4 :

traversée de la Crète



Le refuge de Tavri

Vendredi, 16 mai.

Journée repos.

Alors qu’on aurait pu traîner un peu dans la chaleur de nos sacs de couchage, rien n’y fait, le rythme est pris et ne nous lâche pas. On se lève presque aussi tôt que les autres jours. Le vent a soufflé toute la nuit et on a eu droit à quelques gouttes. Une tasse de café et on va reconnaître la suite du chemin pour demain. De gros nuages gris se sont accrochés aux sommets et vont gagner du terrain tout au long de la journée. Un vent froid pas très agréable balaie tout le secteur.

 


Cupressus sempervirens (Cyprès toujours vert ou Cyprès de Provence)

Au-dessus du refuge, le plateau de Niatos où viennent mourir les premières pentes des Levka Ori. Quelques balises, bien visibles, montent à l’assaut de la montagne. Ce sera pour demain !

Le reste de la journée s’écoule tranquillement mais le temps est trop frais pour qu’on puisse apprécier à sa juste valeur cette pause. La météo nous inquiète un peu mais on se prépare pourtant. On verra bien, s’il faut reculer, on reculera. Mais l’échec au mont Psiloritis me reste en travers de la gorge. Le seul problème qu’on risque de rencontrer c’est l’impossibilité de trouver le chemin dans le brouillard. On ne craint ni tempête de neige ni orage… Alors, faut tenter !

 

 

On laisse quelques provisions au berger, histoire d’alléger nos sacs. On préfère se charger en eau : 3,5 litres pour moi et 2,5 litres pour Christian. J’ai horreur de me priver de boire…

 

Samedi, 17 mai. Tavri à Katsiveli

Dénivelé positif : 1555m

Dénivelé négatif : 870m

Durée : 10h15

Réveil en même temps que le soleil. Le ciel est clair, ça s'annonce bien.

Une tasse de café et on se lance. Départ du camp vers 6h45, ça monte plutôt bien, ce matin. De loin en loin, des balises nous appellent. On serpente dans un lapiaz où les dernières traces de végétation disparaissent bientôt. On laisse derrière nous les derniers troncs blanchis sous le soleil. On suit une belle arête esthétique et aérienne d’où l’on découvre, au loin, Chania et la côte nord de l’île. Pas de sentier au sol mais le cheminement est évident, au moins jusqu’au premier col de la journée.

 

Derrière nous, les nuages montent, viennent presque lécher nos pieds et nous poussent de l’avant.

 

Un grand travers sur des éboulis nous amène à un nouveau col qui nous ouvre les portes d’une vallée lunaire. J’ai rarement vu un spectacle pareil. Le socle calcaire mis à nu moutonne et se crevasse comme un glacier. Cette vallée est un endroit unique réservé à quelques rares privilégiés. En effet, pas de sentier marqué et quelques balises dont il ne reste souvent que le poteau qui git à terre, terrassé par des éléments auxquels on préfère ne pas penser.

 


une balise encore dressée donne le cap...

Pour l’instant, le ciel est toujours bleu devant nous et le brouillard va et vient dans notre dos. Une longue traversée horizontale sous le Pic sans nom (2070m), un nouveau col… Le spectacle est toujours aussi infernal (qui appartient à l’enfer) mais nous, on est plutôt au paradis et je me régale dans cette progression où la recherche du chemin ajoute à notre plaisir.

 

 

De col en col, on progresse rapidement. Un moment pris dans le brouillard, on trouve quand même le passage clé, une brèche étroite. A partir de maintenant, le balisage sous forme de marques de peinture jaune et noire devient plus fréquent. La peinture est récente. Il est vrai qu’on approche du refuge de Katsiveli qui est peut-être le point de départ d’une rando qui vient finir ici…

 

 

On descend un vallon où la verdure réapparait. Retour dans un monde humain… il y a même un abri d’estive, un mitato qui doit servir encore de temps en temps comme abri au berger. De nombreuses traces de vie (vieux outils, réchauds, ustensiles de cuisine, matelas… comme autant de strates qui racontent un monde entrain de disparaître).

 

 

Le chemin, bien marqué maintenant, remonte la vallée et se hisse de ressauts en ressauts jusqu’au refuge de Katsiveli, fermé bien sûr. Ils sont rares les refuges de club de montagne et tous fermés ! Il n’y a donc que les chapelles d’ouvertes pour offrir, au randonneur, un abri en cas de besoin… On descend monter la tente aux bergeries en contrebas, au pied du Pachenes (2453m), le point culminant des Levka Ori. Mais il ne sera pas pour nous ! On n’a pas assez d’eau pour se permettre cette variante.


Le refuge de Katsiveli


Au pied du Pachnes ...

Soirée fraîche une fois que le soleil est passé derrière les montagnes. Avant 7h, on est à l’abri dans la tente.


Anchusa cespitosa (Buglosse cespiteux)