Samedi, 17 mai. Tavri à Katsiveli
Dénivelé positif : 1555m
Dénivelé négatif : 870m
Durée : 10h15
Réveil en même temps que le soleil. Le ciel est clair, ça s'annonce bien.
Une tasse de café et on se lance. Départ du camp vers 6h45, ça monte plutôt bien, ce matin. De loin en loin, des balises nous appellent. On serpente dans un lapiaz où les dernières traces de végétation disparaissent bientôt. On laisse derrière nous les derniers troncs blanchis sous le soleil. On suit une belle arête esthétique et aérienne d’où l’on découvre, au loin, Chania et la côte nord de l’île. Pas de sentier au sol mais le cheminement est évident, au moins jusqu’au premier col de la journée.
Derrière nous, les nuages montent, viennent presque lécher nos pieds et nous poussent de l’avant.
Un grand travers sur des éboulis nous amène à un nouveau col qui nous ouvre les portes d’une vallée lunaire. J’ai rarement vu un spectacle pareil. Le socle calcaire mis à nu moutonne et se crevasse comme un glacier. Cette vallée est un endroit unique réservé à quelques rares privilégiés. En effet, pas de sentier marqué et quelques balises dont il ne reste souvent que le poteau qui git à terre, terrassé par des éléments auxquels on préfère ne pas penser.
une balise encore dressée donne le cap...
Pour l’instant, le ciel est toujours bleu devant nous et le brouillard va et vient dans notre dos. Une longue traversée horizontale sous le Pic sans nom (2070m), un nouveau col… Le spectacle est toujours aussi infernal (qui appartient à l’enfer) mais nous, on est plutôt au paradis et je me régale dans cette progression où la recherche du chemin ajoute à notre plaisir.
De col en col, on progresse rapidement. Un moment pris dans le brouillard, on trouve quand même le passage clé, une brèche étroite. A partir de maintenant, le balisage sous forme de marques de peinture jaune et noire devient plus fréquent. La peinture est récente. Il est vrai qu’on approche du refuge de Katsiveli qui est peut-être le point de départ d’une rando qui vient finir ici…
On descend un vallon où la verdure réapparait. Retour dans un monde humain… il y a même un abri d’estive, un mitato qui doit servir encore de temps en temps comme abri au berger. De nombreuses traces de vie (vieux outils, réchauds, ustensiles de cuisine, matelas… comme autant de strates qui racontent un monde entrain de disparaître).
Le chemin, bien marqué maintenant, remonte la vallée et se hisse de ressauts en ressauts jusqu’au refuge de Katsiveli, fermé bien sûr. Ils sont rares les refuges de club de montagne et tous fermés ! Il n’y a donc que les chapelles d’ouvertes pour offrir, au randonneur, un abri en cas de besoin… On descend monter la tente aux bergeries en contrebas, au pied du Pachenes (2453m), le point culminant des Levka Ori. Mais il ne sera pas pour nous ! On n’a pas assez d’eau pour se permettre cette variante.
Le refuge de Katsiveli
Au pied du Pachnes ...
Soirée fraîche une fois que le soleil est passé derrière les montagnes. Avant 7h, on est à l’abri dans la tente.
Anchusa cespitosa (Buglosse cespiteux)
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