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Le sentier européen E4 :

traversée de la Crète


Mardi, 29 avril.

Journée d’avion : Luxembourg, Vienne, Thessalonik et enfin Héraklion où on arrive vers 20h. Transfert en bus de l’aéroport au centre ville, à la gare des bus. On achète déjà le billet pour Sitia avec un départ à 7h, le lendemain. En cherchant un hôtel, on tombe sur l’auberge de jeunesse où on récupère un petit dortoir pour nous tout seuls. Puis, descente en ville avec salade grecque, souvlaki et raki… faut bien compenser cette longue journée d’avion et d’attente.

Mercredi, 30 avril. Hohlakies à Karoumes

 

 

Lever à 6h20 et direction la gare des bus pour attendre le bus 80, pour Sitia. Le soleil se lève sur l’île, le ciel est grand bleu, la lumière est chaude et rasante et on aperçoit, au loin, le Mont Ida encore couvert de quelques névés. Tout est au mieux pour un premier contact crétois.
Le bus est plein de crétois qui montent ou descendent aux nombreux arrêts, le long de la route ou dans de petits villages. Des gens, leurs histoires qu’on s’imagine… ce gars en costume accompagné d’une jeune fille tout en mauve… qui sont-ils, où vont-ils ?

Quatre heures d’attente à Sitia avant de prendre le bus pour Palekastro. On a le temps de visiter un peu la ville, de chercher une géocache et même de boire notre premier ouzo sur le port.
Palekastro est un petit bourg où le bus nous débarque avant de faire demi-tour. On fait un peu d’eau à une fontaine et on quitte le village en suivant une route qui serpente entre des collines.

Hohlakies, le village d’où démarre officiellement le sentier E4, est à 14 km. On compte un peu sur le stop pour espérer arriver avant la nuit à l’endroit prévu pour notre premier bivouac, la plage de Karoumes. Peu de voitures… Au bout de 3km, c’est un couple de paysans qui nous charge sur le plateau de leur pick-up. Premier contact avec ce genre de véhicules qu’on verra partout en montagne.

 

 

Premières balises du E4 qui nous emmènent, à travers les gorges d’Hohlakies jusqu’à la plage de Karoumes. Les gorges sont superbes. Elles débouchent sur une zone plate, herbeuse et parsemée de quelques bouquets de joncs. Le ciel est un peu plombé et quelques gouttes tombent pour nous accueillir dans ce coin de Crète magnifique et sauvage. Une espèce de pampa qui vient mourir sur une plage de galets qui s’entrechoquent sous l’action du ressac.

 

 

Personne, si ce n’est un petit bateau de pêche qui vient de débarquer une famille crétoise qui monte sa tente au loin. La notre est plantée sous un tamaris hors d’âge. Il nous reste assez de temps pour repérer la suite du chemin pour demain. Les balises E4 sont nombreuses et semblent posées récemment. Les ruines d’un ancien village viennent compléter le paysage qui semble immuable et éternel.

 

Jeudi, 1 er mai. Karoumes à Skalia

Dénivelé positif : 1100m

Dénivelé négatif : 440m

Durée : 9h50

 

Lever vers 6h alors que quelques chèvres descendent vers la mer toute calme et bleue. A l’angle sud de la plage, le chemin repéré la veille nous attend. Des balises E4, quelques marques rouges et des cairns jalonnent la piste ou plutôt nous donnent la direction à suivre. Il n’y a pas vraiment de chemin et il est très facile de perdre les marques. Il faut donc marcher au cap et improviser. Premier contact avec le lapiaz et sa couverture d'épineux de toutes sortes.

 


Première halte à la Pélékita Cave qu’on trouve assez facilement grâce aux coordonnées de la première géocache que j’avais enregistrée sur le GPS. La grotte vaut le détour et les archéos qui y ont fouillé ont du se donner bien du plaisir. A partir de Pélékita, deux chemins… on choisit celui du haut, balisé par des marques rouges. C’est pas le meilleur choix ! Il vaut mieux rester sur celui du bas, le plus évident.
Kato Zakros, sa plage, ses cafés... On en profite aussi pour ranger les pantalons et mettre les shorts.

 

Remontée des Nekron Gorges ou gorges de la mort, nommées ainsi à cause des nombreuses sépultures minoennes qui y ont été trouvées. On croise beaucoup de monde qui les descendent. On a l’impression de se trouver au fond d’un oued marocain. La végétation est spectaculaire : des arums dragons qui nous suivront tout le long du chemin et des platanes d'orient centenaires aux troncs qui racontent toute leur souffrance.

 

Zakros, pause bière et achat de pain. Le patron du kafenion nous demande où l’on va. Soughia qu’on lui répond…Il nous donne alors l’adresse d’un restaurant ! En sortant du village, on croise un français installé ici. Il y fait le commerce d’huile d’olives et il a l’air de bien apprécier le rythme de vie des crétois.

Longue montée vers Skalia sur des pistes bien balisées. La « foule » de Kato Zakros est loin derrière nous. On ne rencontre plus personne si ce n’est cette rencontre improbable avec une sorte de baba oublié du monde qui descend de la montagne, pieds nus, un bouquet de marguerites à la main. Il est chargé d’un barda de bric et de broc qu’il porte sur son dos et sur son ventre. On échangera quelques mots en français, sans rien savoir de ses motivations et de son histoire. Son visage buriné est éclairé par un regard d’une douceur et d’une bonté incroyables. Il a du en faire du chemin pour arriver à cette sérénité qui se dégageait de lui. Bonne route à toi !

On arrive enfin à Skalia, vers 17h, après avoir loupé un embranchement de sentier à gauche qui aurait pu nous éviter un peu de piste.

 

 

On se fait un thé, le soleil a l’air de se lever et la source, au-dessus de la chapelle, distille au compte-gouttes, une bonne eau fraîche. Je vais choisir de dormir dans la chapelle… je ne sais pas si c’est quelque chose qui se fait mais, en tout cas, on y dort bien. Une petite sortie nocturne juste pour se rendre compte que le ciel étoilé est magnifique.