Groenland Est
(8 juillet au 2 août 2002)

Vendredi 19 juillet

10h15

Pluie pendant la nuit. Et, encore ce matin,ce matin, ça tambourinait légèrement sur la toile de la tente.

Ptit dèj tardif au milieu d’une cohorte de moustiques suicidaires. Le déménagement du camp est remis à quelques heures, histoire de voir l’évolution de la météo. Alors tout le monde se replie dans la tente et sa tiède chaleur à l’abri du vent et des moustiques. Impressionnant le nombre de ces bestioles agglutinées contre la moustiquaire et squattant l’abside !

15h40 : la journée se passe, grise au ciel et nous pas réellement motivés pour déménager le camp vers l’emplacement qu'on avait repéré la veille.

La journée se termine comme elle a commencé… sieste et bouquin sous la tente ! Des jours comme celui-là, on pique allègrement dans nos réserves perso de petites douceurs : bonbons, galette de sésame...

 

Samedi 20 juillet

14h50

Déménagement du camp 2 : opération toujours aussi personnelle que silencieuse : faire son sac est une routine qui semble monopoliser toutes nos pensées… Chacun range méthodiquement ses affaires, personne ne parle, et le résultat, c'est un sac bien rempli d'une manière plus ou moins esthétique : à ce jeu là, Bernard est sans conteste le champion !

 


Gilles, l'outsider du rangement de sac

 

Traversée du torrent au même endroit que l’autre jour et tranquille remontée vers la gueule du glacier à la recherche d'un emplacement de camp : c'est pas un truc qui se fait à la légère... pourquoi là plutôt que là ? Pas toujours facile de répondre à cette question ! En fin de compte, je crois que c'est l'endroit qui nous choisit.

 

 

Petite terrasse sableuse, rocs noirs et blonds, dalles polies et bassins successifs : Voilà le décor pour le camp 3 établi au fin fond de la vallée, face au fjord lointain où quelques icebergs turquoises voguent sur l’eau laiteuse chargée de tous les sédiments arrachés à la montagne par le glacier sur le dos duquel nous monterons demain.

 


Dès que le camp est monté, le coin cuisine désigné, quelques repères posés ça et là (chaussures à sécher, bâtons plantés...), marquage du territoire comme les renards alors, comme par miracle, ce coin choisi devient familier. Comme notre propriété ! On s'est approprié un coin de moraine sans rien demander à personne et personne d'ailleurs ne vient nous réclamer des comptes...

 

Dimanche 21 juillet

11h15

Camp 3

 

Pluie toute la nuit et brouillard depuis ce matin. Des lambeaux de nuages chargés de bruine s’arrachent aux montagnes, viennent du fond de la mer, nous entourent avant de filer à l’horizon vers une destination qui nous échappe.

 


C'est la faim qui fait sortir le loup du bois...

...qui y retourne rapidement, voyant l'état du ciel !

Chacun a regagné sa tente, son sac de couchage et s’apprête à plonger dans son bouquin…

 

Lundi 22 juillet

11h20

Camp 3

 

Encore dans la tente bien que le temps soit un peu moins catastrophique qu’hier. Le clapotis sur la tente se fait moins violent et plus irrégulier… On l’entend quand même depuis deux jours maintenant : ça va de la légère percussion au friselis de l’huile chaude dans une poêle souvent suivi d’un tambourinement plus soutenu qui vous fait lever le nez de votre bouquin… Heureusement, il n’y a pas de vent car la couverture de survie qui nous tient lieu de double toit ne tiendrait pas longtemps.

 

Deux jours passés dans les nuages et l’humidité. Deux jours à gérer l’espace chaud et agréable de la tente, gérer son petit espace de sachets plastiques, de thermarest, d’oreillers, de papiers de bonbons et de livres. Le temps s' écoule entre lecture et somnolence, lecture et rêverie, lecture et franc sommeil… et les heures finissent par passer. L’ankylose guette mais à y bien regarder ce n’est pas si désagréable… et si ça durait ?

 

Mardi 23 juillet

21h15

 

Journée grise avec nuages échevelés et écartelés dans les sommets ou s’écrasant mollement sur le glacier aussi gris qu’eux. Ambiance noire et blanche pour un départ du camp vers 11h. Longue balade glaciaire, tour du lac jusqu’au pied d’un col neigeux qui nous avait vu… 8 ans plus tôt !

 

 

Pas de soleil, pas de ciel bleu, juste un gris qui vient s’écarteler sur des sommets noirs et blancs… toutes les autres couleurs semblent avoir disparues de ces murailles mouvantes, de ces enfilades de vallées, de ces pics et glaciers accrochés au ciel… seules couleurs, au loin, les petites taches turquoises et blanches des icebergs sur la mer grise.

 

 

Long retour bavant sur ce monstre glacier et bon repas au camp avec un changement de réchaud : polenta, café et pain d’épices en dessert. Bonne journée que diable après deux jours passés sous la tente : les mollets et les chevilles sont aussi chaudes que les joues et le front !

 


1 tranche de Wasa, 1 bout de saucisson... le paradis.