Jeudi 23 juillet 22h40 – 300m
Belle et facile traversée de la rivière pour rejoindre la rive droite. Longue, longue et douloureuse remontée de la vallée au milieu des canetons qui viennent demander asile, des vols d’oies et de lagopèdes glougloutant.
On abandonne l’axe principal de la vallée pour remonter un affluent en rive droite. Affluent qui se transforme en canyon un peu trop balaise pour nous et nos sacs… on en sort pour parvenir dans une vallée perchée où on établira le camp 3. Vendredi 24 juillet 22h15 – 300m
Longue journée de double portage : descente à vide jusqu’à la cache de bouffe et remontée vers le camp 3. Mais, crapahuter dans cette vallée, c’est pas mal quand même… Les oies d’hier n’étaient plus là, juste un couple de canard et les éternels lagopèdes avec leurs ribambelles de petits… la mère héroïque qui vient nous faire un simulacre de combat… Du camp 3, on a un panorama sur Disko’s Mountain : des bastions, des temples d’Angkhor (dixit Yannick), des strates horizontales bariolées de rouge, des lumières rasantes allumant des millions de sculptures qui surplombent des versants secs et caillouteux.
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Samedi 25 juillet 23h10 – 5° - 300m
Frisquet ce soir… le brouillard de la mer vient nous rendre visite. On vient de terminer de manger après un retour au camp vers 21h.
10h de belle course vers le « 1190 » qui nous a permis de nous rendre compte à quoi ressemblait l’île de Disko. Ce ne sont pas que ces vallées qu’on remonte depuis le début… Là-haut, c’est le domaine de la glace : la mère de toutes ces rivières, celle qui a façonné l’île entière pour la transformer en table ruiniforme. Et ils vivent, ces glaciers : ils craquent et crachent des séracs dans des vallons suspendus, ils sculptent la montagne en mettant à bas des clochetons déglingués. Et, pour finir, viennent barrer les vallées de moraines gigantesques ensemencées de cristaux éclatés.
Que c’est bon de marcher dans cet air frais et piquant qui force à ouvrir les narines et à respirer à fond. Soudain, un gigantesque éboulement de clochetons qui sont venus mourir à nos pieds en nous apportant des effluves marines… à n’en pas croire ses sens, à humer l’air à grande goulées comme celui qui s’étonne de retrouver un vieux sens oublié… car comment expliquer autrement cette odeur de vase fraîche, d’eau profonde, minéralisée, verte opaque, de celle qui sourd de terre en gros bouillons crevant la surface paisible d’une résurgence… Alors quoi ? cette montagne qui sent l’eau ? une ancienne bulle d’océan venue crever à nos pieds ?
Dimanche 26 juillet 11h30 Repos aujourd’hui ! J’en profite pour m’éloigner un peu du camp… les tentes sont petites à mes pieds, apparemment rien ne bouge dans le camp. Je remonte un peu, mes pieds vont tout seul et, dans ma tête, l’impression de s’attendre à tout moment à découvrir quelque chose…
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