Maniitsoq - Aujasoq 16 juillet au 17 aout 1999
Vendredi 6. Camp 2. 12h 30 1006 mb. temps couvert (quelques culottes de gendarme). J’ai mal partout et bouge très lentement. Chaque mouvement est douloureux : les fesses, la poitrine, les mains, les épaules, le coude, les jambes... je crois que c’est tout. Bernard est parti en ballade au col glaciaire au Sud du camp. Les deux plaie sur les jambes me posent quelques soucis, je ne suis pas sûr d’avoir assez de pansements pour tenir jusque Maniitsoq 21h 40. 1004 mb. 14° dans la tente. Demain on reprend la route... je ne sais pas trop comment je vais marcher. Très lentement, ça c’est sûr. La jambe gauche me fait très mal quand je marche. Se lever, se coucher, remuer, tout est très douloureux...Je prendrai mon temps.
Dimanche 8. 10h 55. Camp 5. En attente... Le glacier de l’autre côté du lac n’arrête pas de secouer ses vieux séracs. Par l’abside ouverte, je viens d’avoir la vision d’un petit oiseau se poser sur un fond d’épilobes en pleine floraison et toujours en arrière plan la muraille bleutée du glacier qui sème quelques glaçons. Bernard fait des maths, je viens de nettoyer mes plaies en économisant le tulle gras. Quelques gouttes pas vraiment méchantes tambourinent de temps en temps sur la toile... Je pense qu’on va rester là aujourd’hui... le bateau vient nous chercher mercredi à 16 heures. En temps ordinaire, il resterait une petite demi-journée de marche. Mais le terrain instable et ces éboulis... me laissent présager quelques mauvais moments.
Pourtant hier ça ne s’est pas trop mal passé. Faut dire que Bernard porte lourd, je n’ai pratiquement que mes affaires perso dans le sac. J’avance lentement. De temps en temps on se retrouve sous un bloc et on regarde tomber le brouillard. Dernière épreuve, la traversée du torrent qui pousse pas mal avec de l’eau jusqu’aux genoux. Le camp est installé au bord du lac et subit une invasion de mouchettes à la limite du supportable. Bernard est parti se balader en amont du torrent. Sieste pour moi (presque 3 heures... jusque 19h 30!).
Ce matin, petit déj sous la tente pour s’abriter des mouchettes. Sympa. Et maintenait c’est pas mal non plus. rien ne bouge, il fait bon sous la tente. Mots croisés, lecture, sieste,... je vois d’ici le programme.
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Lundi 9. 17h 35. Camp 1 Assis sur un rocher face au soleil et à la mer... et un milliard de mouchettes... Derrière moi, vers l’amont du lac, la silhouette superbe du 1721... c’était il y a longtemps...
Trois heures de marche aujourd’hui, mais la jambe a bien souffert. Je ne crois pas que j’aurais pu faire plus. Ca s’est terminé par deux Nureflex et maintenant ça va mieux. Il y a une heure nous avons vu le premier bateau sur le fjord. Il a accosté dans une petite crique de l’autre côté du torrent... toujours émouvant cette première rencontre, même fugace avec ce que l’on a quitté. Il nous reste deux jours à attendre.
Jeudi 12. 13h 45. Manitsoq. Une cafétéria, derrière une baie vitrée qui surplombe le port... Mais ça c’est après :
Vendredi 13. 8 heures. Cafèt du Somandshjemmet (foyer du pêcheur). On vient de se prendre un petit déj. Bernard a rendez-vous à 10 heures... chez le frisor !!! Après ça, on déménage le camp : on s’est trouvé une chambre pour deux nuits (250kr la nuit). Reste le problème de la nuit du dimanche au lundi, l’hélico est assez matinal et si on pouvait se passer de démonter la tente...
Dimanche 15. Deux jours passés dans une maison en colocataire avec un danois arrivé à Manitsoq depuis 6 jours seulement et qui vient travailler à l’école comme professeur de danois.
Intérieur coquet, deux soirées télé, quelques allers retours en ville. Voisinage tranquille du vieux cimetière. Quel endroit...! Des tombes gagnées par une herbe grasse et inhabituelle où seul est visible un petit tumulus surmonté d’une croix blanche toute de guingois. Cimetière marin s’il en est dont les tombes les plus anciennes viennent mourir au fond d’une crique abritée et doivent sans doute se faire lécher les pieds les jours de grosse tempête... J’en ai fait de nombreuses photos, c’est là que j’aurai aimé rester, non, je rigole !
On mène presque une vie d’autochtone dans notre petite maison bleue. Ce soir, on squatte la chambre d’Aana, la petite fille des propriétaires : minichaîne, des peluches partout, les Spice Girls au mur... c’est notre dernière nuit groenlandaise. Y en aura-t-il d’autres ? Il faudra bien que j’y revienne, j’y ai laissé trop de choses !
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