Introduction. Repères historiques.
Ecole des Mines
Les minerais de fer. 1868
Visite de M. Julien aux mines de la Charbonnière et de la Mance. 1857
Visite de M. Brossard aux mines de la Charbonnière. 1858
Visite de M. Langlois. 1868
Visite de M. Olay aux usines. 1868
Visite de M. Olay à la mine de la Charbonnière. 1869
Visite de M. Olay aux mines de la Mance et de Gorgimont. 1869
Visite de M. Vicira aux mines de la Charbonnière et de la Mance. 1868
Visite à la mine de la Charbonnière. 1875
Inventaire des traces encore visibles.

 

M. Vicira. Elève ingénieur. Ecole des mines. Paris. 1868/1869.

(Extrait du rapport concernant les minières d'Ars sur Moselle).

 

 

 

Mines Dupont et Dreyfus.

« La mine de la Charbonnière et des Varraines résulte de la réunion de deux concessions ainsi nommées entre les mains de Mrs Dupont et Dreyfus est située à Ars sur Moselle à côté des usines qu’elle approvisionne exclusivement. L’ouverture de la galerie principale de roulage se trouve à mi-côte bien au-dessus de la plateforme des hauts fourneaux. »

« La couche épaisse de deux mètres est assez homogène mais les quartiers ne fournissent pas tout à fait les mêmes produits et on distingue la mine jaune, la mine rouge et la mine brune. Chacune de ces variétés domine dans une partie de la mine qui est divisée par suite en trois grands centres d’exploitation fournissant des produits différents analysés fréquemment. Cette disposition précieuse au point de vue de la composition du lit de fusion est assez désavantageuse au point de vue de l’exploitation parce qu’elle oblige à entretenir une plus grande longueur de galerie. Mais on peut arriver par un dosage attentif à réaliser une notable économie dans la fabrication et la qualité de la fonte. Cette organisation remarquable qui se lie étroitement avec la conduite des hauts fourneaux est due à M. Remagny, directeur des usines d’Ars. »

« L’exploitation se fait par traçage et dépilage par éboulement. Les galeries de traçage de 2 m de large sont actuellement distantes de 50 m et sont réunies tous les 25 m par des galeries secondaires sur lesquelles viennent s’embrancher les chantiers et découpent ainsi le gîte en piliers de 50 m sur 25 m qu’on enlève successivement en battant en retraite. Nous supposerons le piler A enlevé (voir schéma page suivante) aussi complètement que possible, les éboulements empêchant d’y pénétrer, on va enlever le pilier B. La voie de roulage XY qui dessert ces chantiers est soigneusement boisée et souvent coffrée et elle est d’ailleurs protégée ainsi que la voie de retour d’air par un stot de 4 m d’épaisseur. Par la partie antérieure du pilier, on avance le chantier par une galerie de 2 m de largeur seulement qui est ouverte jusqu’à 4 m de profondeur environ. Après quoi le chantier s’élargit sur une largeur de 7 m. Chaque chantier est séparé de son voisin par une épaisseur de 2 m. »

« Le boisage. On laisse au toit une épaisseur de 10 cm pour contenir les terres ébouleuses qui surmontent immédiatement la couche et on soutient le tout par des rangées de chandelles parallèles au front de taille et espacées de 1 m. Ces chandelles portent en haut un chapeau formé d’un fort madrier et reposent sur une semelle. Ces chandelles sont très rapprochées sauf dans l’axe du chantier qui présente une galerie formée de véritables cadres pour le roulage. Chaque rangée comprend 8 à 10 chandelles, y compris les montants de cadre. On arrive au chiffre énorme de 220 pièces verticales par chantier sans compter les pièces horizontales. »

 


Schéma d'exploitation. 1868 - 1869.


« Le front de taille est occupé par deux ouvriers qui attaquent la roche au moyen de pics et de leviers. Un troisième fait le chargement des blocs et le roulage du chantier jusqu’à la gare voisine. L’exploitation d’un chantier de 30 m de longueur dure ordinairement 3 mois ce qui fait en moyenne 33 cm d’avancement par jour. Mais il est difficile de pousser jusqu’au bout un pareil chantier et c’est pour cela qu’on veut en réduire la longueur à 25 m. Chemin faisant on perd par place la cloison qui sépare les deux chantiers voisins et on en enlève plus ou moins selon la solidité du toit. Il arrive souvent que le chantier ne puisse pas être conduit jusqu’au bout à cause des éboulements qui ont lieu dans la partie A déjà exploitée et qui rendent le travail trop dangereux. » 

« En tout cas, lorsqu’on juge impossible de continuer l’exploitation du chantier, on tâche de retirer les bois qui n’ont pas été écrasés par la poussée du toit ou trop fortement serrés pour qu’il soit possible de les décaler. Cette opération fort dangereuse se fait au moyen de perches et de crochets de 6 m de longueur environ, les ouvriers postés le plus loin possible essayant de décaler par le pic et de harponner les pièces de bois. Mais les éboulements qui se produisent quelquefois enterrent souvent le bois et la pression subite du toit fait craquer les chandelles restantes. Aussi retire-t-on en somme peu de bois. On verra en examinant les prix de revient que la dépense en bois s’élève à plus du cinquième du prix total d’extraction ce qui est énorme. »

« Nous avons vu que l’avancement moyen d’un chantier est de 33 cm environ ce qui correspond à environ 4 m 3 de minerai extrait ; d’où il est nécessaire d’avoir à la fois un grand nombre de chantiers en train. Et comme ces chantiers doivent être disséminés afin de laisser aux parties éboulées le temps de se consolider un peu, il est nécessaire d’avoir un développement énorme en galeries ce qui nécessite un entretien fort cher. Cet inconvénient est exagéré ici par la nécessité d’exploiter des quartiers différents fort éloignés qui ne donnent pas la même qualité de minerai. Ces galeries de traçage sont bien plus couteuses que le chantier parce que le travail est plus difficile et l’avancement moins rapide. Une galerie de 2 m à laquelle on ne peut faire travailler qu’un homme à la fois n’avance que de 16 m à 20 m par mois en y faisant travailler jour et nuit, à deux postes ce qui donne 2 m 3 par jour seulement pour les deux ouvriers (la section des galeries est de 3,30 m). »

« Les wagons formés en train dans les gares sont pris par des chevaux et conduits au jour par la grande galerie principale. Cette galerie qui a 2095 m de longueur et une largeur moyenne de 3 m et qui est entièrement maçonnée met en communication tous les quartiers de la mine. Les wagons qui font le service de la mine sont en bois. Ils pèsent à vide 400 kg et reçoivent une charge de 1000 kg. Une pente continue de 2% par mètre de l’intérieur à l’extérieur favorise le roulage. »

« Au-dehors de la mine, se trouvent plusieurs culbuteurs au bas desquels chaque espèce de minerai va former un tas spécial. Le minerai est ensuite cassé et chargé sur des wagons qui se rendent directement au gueulard du haut fourneaux par un plan incliné. »

« L’eau est assez abondante dans la mine mais elle s’écoule naturellement en vertu de la pente des galeries et va former un ruisseau qui suit la galerie principale et le plan incliné de la mine. Arrivée au niveau du gueulard, l’eau est utilisée pour actionner un monte-charge hydraulique à plan incliné qui fournit le coke aux fourneaux. »

« L’aérage est encore très facile car il n’y a dans la mine aucune cause d’altération pour l’atmosphère à part la présence des ouvriers peu nombreux et des lampes, la poudre n’est pas employée. Le courant d’air s’établit naturellement au moyen d’un puits d’aérage et d’une galerie montante de 933 m de longueur creusée dans les calcaires superposés à la couche. Cette galerie plus commode à creuser qu’un puits a fourni en outre des matériaux pour la maçonnerie de la grande galerie de roulage. »

« La mine des Varraines emploie 97 ouvriers dont 78 à l’intérieur et 7 chevaux pour le roulage. Elle a produit pendant l’année dernière (1867) une quantité de 87 000 tonnes de minerai consommé entièrement dans les usines St Paul et St Benoit. La valeur estimée de ce minerai est de 2,92 francs, son prix de revient de 2,51 francs la tonne se décomposant ainsi qu’il suit :

  • Main d’œuvre d’extraction 1,28 franc
  • Entretien et boisage des galeries 0,59 franc
  • Outillage, matériel et chevaux 0,23 franc
  • Entretien des chemins de fer 0,07 franc
  • Aménagement et construction 0,06 franc
  • Traitement et surveillance 0,12 franc
  • Frais de bureau, bascule et levée de plan 0,04 franc
  • Indemnités et secours 0,10 franc
  • Entretien des chemins extérieurs 0,02 franc

On convient que dans la pratique, le mode d’exploitation que nous venons de décrire ne sera pas rigoureusement suivi , les chantiers seront plus ou moins longs, les massifs à dépiler plus ou moins grands, le dépilage sera poussé plus ou moins loin selon la solidité du toit et l’état des travaux voisins. Mais on se rapproche autant que possible de ce type. »

 

Mine de la Mance. Karcher et Westermann.

« Dans la mine de la Mance, voisine de la précédente, l’épaisseur de la couche est seulement de 1,10 m à 1,50 m, ce qui oblige à entailler le toit afin de donner aux galeries de roulage une hauteur suffisante. Le toit est plus solide qu’aux Varaines aussi emploie-t-on moins de bois mais la mine est plus dure ce qui oblige à employer la poudre. Malgré cette légère différence, le mode d’exploitation est analogue au précédent. La difficulté de roulage provient de ce que la galerie principale est constamment en contre pente, le gîte ayant été attaqué ici par les affleurements opposés. De plus, l’inclinaison du gîte procure une certaine perturbation et forme une espèce de selle dont la galerie principale se trouve être à peu près la crête de sorte que presque toutes les galeries secondaires sont également à contre pente. L’écoulement des eaux se fait par une galerie à travers bancs percée à un niveau inférieur et communiquant avec les galeries les plus basses. L’aérage est produit par un ventilateur à ailettes placé à l’entrée de la mine et manœuvré par une machine de 12 chevaux... »

« La production pour l’année 1867 a été seulement de 13 688 tonnes par suite de circonstances locales qui ont réduit presque de moitié l’extraction, les frais ont été augmenté et le prix de revient s’est élevé à 3,768 francs qui se décompose ainsi qu’il suit :

  • Salaire des ouvriers 2,37 francs
  • Outillage, wagons 0,14 franc
  • Entretien, bois, poudre, huile 0,37 franc
  • Frais de bureau, contribution secours aux blessés 0,26 franc
  • Chargement de la mine et transport à l’usine 0,62 franc 

 

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