Dimanche, 29 août.
Hier soir, ou était-ce la nuit…mais non, il faisait encore jour. J’avais déjà fermé les yeux pour un petit cycle. Je suis réveillé par un lointain bourdonnement qui se rapprochait. Un essaim d’abeilles ? Je le voyais déjà se poser sur la tente… J’ai mis un bout de temps avant de comprendre que c’était un troupeau de moutons qui descendait le chemin ! Au fur et à mesure qu’il se rapprochait, le bourdonnement se transformait en un mélange de sonnailles, de piétinements et de bêlements. Concerto pastoral qui s’en est allé decrescendo, me laissant seul avec le "Grand Troupeau’’ de Jean Giono. Lever 6h, départ 7h, deux couches sur le dos et même le bonnet ce matin !
Belle montée sur l’Aigoual avec, notamment, ce superbe chemin de ronde, balcon sur la plaine qui émerge de la brume. Spectacle vivifiant pour le moral. Curieux comme le moral peut agir sur le physique. J’ai bien fait d’avoir attaqué cette montée ce matin, je profite pleinement de ces belles envolées de paysages qui s’éclairent sous le soleil matinal.
Descente sur l’Espérou où je me paye une saucisse frites. Col de Montals, Col de la Broue… En descendant, une dame assise au bord du chemin enquête sur les randonneurs qui empruntent le GR 7 et le chemin de Saint Guilhem le désert (une nouvelle idée ?). Elle me confirme que rares sont ceux qui font le GR 7 à ma façon. Je plante la tente un peu avant la maison forestière de Puechagut. Une pinède m’accueille avec une bonne herbe bien grasse qui palliera à mon putain de matelas que je suis obligé de regonfler au moins trois fois par nuit. Bonne soirée à rêvasser, faire mes petites affaires, régler quelques sangles du sac à dos, nettoyer l’intérieur de la tente, gratter ma casserole qui garde les traces des soupes et autres semoules… les préoccupations simples d’un randonneur, il fait bon !
Lundi, 30 août. La température est bien meilleure, la nuit. Plus je descends vers Le Vigan plus la végétation change et je vois les Causses calcaires de l’autre côté de la vallée. Même les cigales s’y mettent ! Longue descente vers Aulas (joli) puis Le Vigan (tristounet à part le reflet de son vieux pont) puis le camping municipal (essentiellement aire de camping-car) d’Avèze où je plante la tente au bord d’un terrain de foot.
Après-midi, emplettes pour remplacer mon matelas gonflable. J’envoie par la poste l’ancien et quelques bricoles devenues inutiles… quelques grammes en moins à porter. Une douche et je termine l’après midi sur un banc au bord du terrain vague qui sert de terrain de foot où personne ne joue… même la guinguette est fermée. Elle ouvrira un peu plus tard dans la soirée et je me paierai une bonne assiette de charcuterie et de fromage. Avec le reste, j’en ferai un casse-croûte pour demain.
Mardi, 31 août. 7h30, je quitte Avèze et j’attaque la montée sur le Causse de Blandas. A mi-pente, le calcaire apparait brusquement. Fini les châtaigniers, bonjour les chênes et la flore calcicole.
Je fais le plein d’eau au robinet de l’église de Montdardier et laisse tomber l’épicerie… il me reste de la semoule et le casse-croute d’hier soir.
Un dolmen m’attend avant Blandas (une géocache en passant), je demande après un ancien du spéléo club de Metz qui habite le village mais tout est désert et je ne trouve personne pour me renseigner. Tant pis, je fonce vers le belvédère qui domine les gorges de la Vis et le célèbre hameau de Navacelles et son cirque mondialement connu… superbe spot, panorama époustouflant tout comme la descente dans les gorges. Avec un gros sac, on ne peut se permettre de rêver !
Dans Navacelles, c’est l’invasion de touristes et de pyrales du buis… y en a partout. Ça vole, ça tombe comme des flocons de neige. Il n’y a pourtant plus rien à bouffer, tous les buis sont morts. Un petit bar pour refaire le plein d’eau et j’entre dans les gorges par un beau sentier à niveau qui serpente entre la Vis et un aqueduc. Je pose la tente au Mas du Pont, ancien atelier de poterie. Trois promeneurs viennent rechercher la Grotte de la Folatière, on discute un peu et on se souhaite mutuellement une bonne nuit.
Ma tente attire les pyrales, on dirait…
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