Jeudi, 19 août. La météo disait soleil… bin non, c’est toujours brouillard ! Mais ça se lèvera plus tôt que d’habitude et l’après-midi sera même chaud.
Les journées se suivent et se ressemblent. Ça me rappelle un peu la GEA, en Italie. Trajet de crêtes sous les bois, ça monte, ça descend mais gentiment. Viennent l’ancienne commanderie de l’ordre de Malte et la base de loisirs de Devesset. Les bords du lac sont un peu déserts. Morte saison, de rares promeneurs et quelques vététistes.
Saint Agrève, beau gros bourg où je m’installe à la première terrasse et j’en profite pour repartir avec deux bons litres d’eau. Ça me suffira pour la fin de la journée, le repas du soir et le café du matin. Après, je suis un peu perdu dans le cheminement… ma carte et les balises n’ont pas l’air de coïncider. Je ne me pose pas trop de questions et me contente de suivre les traces rouges et blanches. Et c’est encore un bois de sapin qui m’accueillera. J’aurais bien aimé quelque chose de plus ouvert comme paysage mais je n’ai pas vraiment le choix. La tente est donc plantée à un endroit que j’ai du mal à situer avec précision sur ma carte au 1/50 000 ème.
Vendredi, 20 août. Première belle journée et le paysage en profite pour s’ouvrir vers des enfilades de vallons et de plateaux. J’en suis tout ragaillardi et je sifflote sur de beaux sentiers.
Je croise un jeune avec un gros sac. C’est le premier que je rencontre. Bien sûr, on ne peut que s’arrêter et de se questionner mutuellement. Il fait le GR7 mais dans l’autre sens et une semaine seulement. Il me dit avoir vu, ce matin, le massif des Ecrins. Moi, j’en étais encore dans les forêts de sapins. On se souhaite bonne marche et on le pense vraiment. Ce sont ces rencontres brèves qui restent à la mémoire. Le souvenir d’un visage, de quelques paroles, l’attitude du marcheur lourdement chargé qui arpente la terre d’un pas lourd, méthodique, cadencé et que rien ne saurait troubler… on se ressemble dans le fond, on ne peut nous confondre avec les autres, ceux qui vont, alertes, avec un petit sac et qui sentent le savon frais. On fait partie de la même famille, on le sait et ça nous rapproche. En traversant le hameau de Hugons, un chien noir décide de m’accompagner un bout de chemin jusqu’à Les Vastres.
Arrêt à Fay sur Lignon pour y acheter un saucisson (600 grammes, pas plus petit !) et le rituel de la bière et du coca avant de reprendre la route sur de grandes tirées de macadam sous le soleil.
Je plante la tente sous le sommet du Mont Mézenc, au pied du Croc du Diable, « locus horribilis » ainsi surnommé depuis l’Antiquité. Des crashs d’avions, de nombreux phénomènes inexpliqués, ce « Triangle de la Burle » a fait couler beaucoup d’encre… il fallait absolument que j’y plante la tente. Bonne nuit !!
Samedi, 21 août.
Eh bien, la nuit a été très bonne. Je ne sais pas si 3000 diablotins ont fait la sarabande autour de la tente mais je n’ai rien vu ni entendu ! Un père et sa fille prennent les premiers rayons du soleil au pied d’une œuvre d’art sur le thème de la ligne de partage des eaux (il y en a plusieurs disséminées sur le secteur). On discute un peu sur le Triangle de la Burle et se propose de me prendre en photo.
Le GR contourne le sommet du Mont Mézenc et monte vers les Roches des Cuzets qui offrent un superbe panorama sur un ancien cratère de volcan.
Beau parcours jusque Villevieille puis (très) longue tirée de macadam jusque Sainte Eulalie. Je pose mon bivouac dans un bois à l’est de Rieutord. Bonne soirée tranquille.
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